Un prêche dans le désert ? Le parlement européen fustige un « pouvoir répressif »

Suite aux violences post-électorales nées de la présidentielle du 27 août 2016, le parlement européen a adopté, le 14 septembre dernier, une résolution contre le gouvernement gabonais. Intitulé «Gabon, la répression de l’opposition», ce texte constitue une avancée considérable en faveur de Jean Ping. Une provocation pour le pouvoir de Libreville qui veut à tout prix tourner la page sombre de la dernière élection, arguant que le pays doit avancer.


Suite aux violences post-électorales nées de la présidentielle du 27 août 2016, le parlement européen a adopté, le 14 septembre dernier, une résolution contre le gouvernement gabonais. Intitulé «Gabon, la répression de l’opposition», ce texte constitue une avancée considérable en faveur de Jean Ping. Une provocation pour le pouvoir de Libreville qui veut à tout prix tourner la page sombre de la dernière élection, arguant que le pays doit avancer.

Sans surprise, le parlement européen n’a pas été tendre avec le pouvoir en place au Gabon. Les eurodéputés, en tête desquels l’écologiste Yannick Jadot, « demandent aux autorités gabonaises (…) de mettre un terme à tous les actes de harcèlement, d’intimidation et de persécution contre les opposants, et de prendre des mesures concrètes pour garantir la liberté d’expression ». Allusion faite aux récentes mesures administratives provisoires, (levées le 8 septembre dernier), interdisant à Jean Ping et ses alliés de quitter le territoire national et de s’exprimer sur les médias publics.
Les Parlementaires de Strasbourg poussent le bouchon encore un peu plus loin, en invitant « instamment le Gouvernement du Gabon à procéder à une réforme approfondie et rapide du cadre électoral, de manière à l’améliorer et à le rendre totalement transparent et crédible». Plus fort encore, les Eurodéputés demandent à la Commission et aux États membres, « d’envisager des sanctions ciblées à l’encontre des responsables de la fraude électorale et des actes de violence qui en ont découlé ». C’est une résolution qui vient remuer le couteau dans la plaie, au grand bonheur du chef de file de l’opposition gabonaise, Jean Ping. L’opposant a toujours demandé à la communauté internationale de sanctionner le pouvoir de son rival, Ali Bongo, afin de «rétablir la vérité des urnes», c’est-à-dire de l’installer au pouvoir.

Un pavé dans la marre
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le landerneau politique, jusque-là, était plongé dans une forme de léthargie. Et pour cause, les deux protagonistes du dernier scrutin présidentiel, Jean Ping et Ali Bongo Ondimba campent toujours sur leurs positions. Si le premier se proclame le président élu du Gabon, et se revendique de la légitimité populaire, le second, lui, se réfugie derrière la décision des institutions qui ont confirmé sa victoire. Devant ce statu quo alimenté par le silence de la communauté internationale, même au sein de la coalition soutenant Jean Ping, l’idée d’une intervention extérieure en faveur de l’ancien président de la Commission de l’Union africaine, n’enchanterait plus guère. Avec cette nouvelle résolution, c’est donc un espoir qui renaît. Car certains opposants proches de Jean Ping ont pris d’assaut les réseaux sociaux pour proclamer la fin imminente du règne d’Ali Bongo Ondimba.

Le pouvoir: «il faut tourner la page»
Pour mieux anticiper les accusations des députés européens, le gouvernement gabonais a annoncé, le 13 septembre dernier, une loi d’amnistie pour les prisonniers politiques. « On n’a pas besoin d’avoir, parallèlement à cet effort national, une initiative venant de la communauté internationale », a déclaré sans ambages, le Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet. Voila qui a le mérite d’être clair : les autorités gabonaises vont faire fi de cette résolution. En février dernier, lors de la première résolution des Eurodéputés à l’encontre du gouvernement, l’actuel ministre de la communication, Alain Claude Billie By-Nze, avait fustigé « l’arrogance des parlementaires européens, qui pensent que du simple fait d’être Européens, ils avaient le droit de tutelle morale sur tous les autres peuples ». Tandis qu’Ali Bongo Ondimba conforte chaque jour un peu plus son pouvoir, avec des voyages officiels, des rencontres et sommets internationaux, la résolution des eurodéputés sonne comme un coup de feu qui ne calme pas pour autant la tempête. Tant le pouvoir, malgré la malédiction électorale de l’année dernière, est entrain de reprendre du poil de la bête, avec la mise en quarantaine (levée le 8 septembre dernier) d’une opposition qui ne semble plus devoir son salut qu’aux simples déclarations de la communauté internationale.

YFI

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