Rapport final du dialogue d’Angondje. La nouveauté politique est-elle au rendez-vous ?

Ouvertes fin mars, les assises du dialogue politique à l’appel d’Ali Bongo Ondimba, ont pris fin le 26 mai dernier, avec la remise officielle au Chef de l’Etat du rapport final des travaux. Si on note quelques réformes électorales et institutionnelles, dont le retour au scrutin à deux tours, la limitation du mandat présidentiel tant rêvée, a été rejetée à l’écrasante majorité des parties prenantes. Du coup, dans le camp de l’opposant Jean Ping, on dénonce une farce, mieux une «plaisanterie».

Ouvertes fin mars, les assises du dialogue politique à l’appel d’Ali Bongo Ondimba, ont pris fin le 26 mai dernier, avec la remise officielle au Chef de l’Etat du rapport final des travaux. Si on note quelques réformes électorales et institutionnelles, dont le retour au scrutin à deux tours, la limitation du mandat présidentiel tant rêvée, a été rejetée à l’écrasante majorité des parties prenantes. Du coup, dans le camp de l’opposant Jean Ping, on dénonce une farce, mieux une «plaisanterie». 

Mode de scrutin à deux tours pour toutes les élections politiques ; dissolution de la commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP) au profit du Centre gabonais des élections (CGE) ; composition à parité majorité/opposition du CGE ; nomination par appel d’offre du président de l’institution ; tel est l’essentiel des réformes électorales majeures contenues dans le rapport final qui a été remis à Ali Bongo fin mai dernier.

Réformes qui, bien évidemment tranchent avec l’ancien système, surtout la création du CGE qui se voit désormais attribuer toutes les compétences en matière électorale, notamment dans l’organisation, la compilation et la proclamation des résultats. Ce qui n’était pas du tout le cas avec l’ancien système électoral, dont la proclamation des résultats ne relevait que du seul ressort du ministère de l’Intérieur. Quant aux réformes institutionnelles, et spécialement la cour constitutionnelle qui fait depuis polémique en matière du contentieux électoral, pas de grands changements notables. Puisque sa composition reste maintenue à 9 membres, la seule innovation étant la limitation de leur mandat, désormais fixé à 9 ans non renouvelables, alors que l’ancien système prévoyait un mandat illimité.

Le mode de désignation de ces derniers reste presque  le même, avec trois membres dont le président de l’institution, nommés par le Président de la République ; trois membres nommés par le parlement (tandis que l’ancien système en prévoyait six). Le seul changement remarquable à propos reste l’entrée du conseil supérieur de la magistrature dans le cercle des nominations, puisqu’il devra, lui aussi nommer deux juges constitutionnels. Mais un Conseil supérieur de la magistrature présidé par le Président de la République, certains craignent que celui-ci, ayant déjà nommé trois membres, influence encore le choix de ces trois autres.

Globalement, c’est un rapport qui, selon l’ensemble des  parties prenantes, devrait désormais classer le Gabon au hit-parade des pays démocratiques en Afrique au Sud du Sahara.

Le camp Jean Ping : « Une plaisanterie »

Si la majorité et une aile de l’opposition se réjouissent d’avoir accouché des vraies réformes qui élèveront bientôt le pays au rang des pays exemplaires, pour Jean Ping, il n’y a rien de nouveau qui ait été apporté au dialogue d’Ali Bongo. Mieux, son porte-parole, Jean Gaspard Ntoutoum Ayi, dénonce une vraie plaisanterie. Pour le porte-voix de l’ancien candidat à la dernière présidentielle, le problème d’alternance au Gabon n’est pas un problème de lois. Mais plutôt un problème d’hommes qui refusent de se plier à la volonté des urnes.  Le «blocage» actuel du Gabon, a martelé Ntoutoume Ayi, ne se réglera pas par « la plaisanterie qu’ils sont allés faire à Angondje ». 

A côté de Jean Gaspard, chez la plupart des militants de l’opposition, c’est l’incompréhension totale quant au rôle joué par l’opposition à ces négociations. Au point que certains journaux proches de Jean Ping qualifient Ndemezo de «vendu».  Surtout qu’en tant que chef de file de la délégation de l’opposition à ce tour de table, il s’est opposé farouchement à la limitation du mandat présidentiel. Un revirement contraire aux revendications de l’opposition pour l’alternance.

Mais les pro Ping ne sont pas les seuls à s’attrister de l’issue des négociations. Même dans les rangs de ceux ayant pris part au dialogue, certains ne cachent plus leur déception sur le fait que les négociations n’aient pas abouti à la limitation du mandat, et même à la réduction de la durée de celui-ci de 7 à 5 ans.

Sur son compte Facebook, l’ancien Vice-président de l’Union nationale (parti pro Ping), Mike Jocktane, ne cache pas sa déception, même si l’homme reste confiant pour l’avenir. « Nous n’avons pas pu obtenir la limitation du mandat présidentiel, qui de mon point de vue aurait donné plus de crédit à nos travaux, ainsi que le non cumul des mandats politiques. Mais j’affirme que ce n’est pas fini. L’avenir nous donnera l’occasion de convaincre ceux qui, une fois n’ont pas pu l’être ».

La non-limitation du mandat présidentiel que beaucoup attendaient comme un facteur certain d’alternance, devient en quelques sortes une grosse fausse note, qui entache désormais les assises d’Angondje. Et la nouveauté politique tant attendue semble donc mitigée. 

 

KOMBA KOMBA 

 

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