Devant une suite interminable de grèves dans les administrations, le gouvernement a décidé d’engager le dialogue avec les organisations syndicales. Certaines refusent de s’asseoir à la table des négociations, craignant d’être prises au piège par leur tutelle. La trêve sociale reste fragile.
Révision constitutionnelle.Les députés votent la loi
Sans surprise, la loi sur la révision constitutionnelle a été adoptée par 105 voix contre 5 et une abstention le 14 décembre dernier à l’Assemblée nationale. Très critiquée par l’opposition dite radicale, cette loi porte sur la «détermination des rapports entre le président et le gouvernement», «le renforcement des pouvoirs de contrôle du parlement» et la création d’une Haute Cour de justice de la République pour juger les hauts responsables de l’Etat. Adopté en conseil de ministres fin septembre, le texte a été vertement critiqué par l’opposition radicale qui dénonce une «monarchisation de la République», avec un régime présidentialiste pur et dur. Mais surtout une volonté d’Ali Bongo Ondimba de vouloir dépouiller l’opposition de ses pouvoirs. Allusion faite à l’article 8 qui reste, selon Marc Ona Essangui du Mouvement International «Tournons la page», « une remise en cause du principe de cohabitation ou d’alternance ». Cet article dispose que « le Président de la République détermine la politique de la nation. En cas de changement de la majorité à l’Assemblée nationale, la politique de la nation est déterminée par le président de la république en concertation avec le gouvernement ». Le texte est attendu au sénat. Si la chambre haute du parlement le vote, la révision de la constitution ne deviendra effective qu’après l’adoption par les deux chambres réunies en congrès. Ce qui fera alors la septième révision de la constitution gabonaise depuis 1991, année pendant laquelle a pris fin le monopartisme sous l’ère Omar Bongo. A.M Les jeunes de l’opposition manifestent « Pas de monarchie au Gabon », « Ne touche pas à ma constitution ! », « Sauvons notre République ! », tels étaient les slogans lisibles sur les banderoles que brandissaient les jeunes de la Coalition pour la Nouvelle République soutenant Jean Ping. Ils manifestaient ainsi devant l’Assemblée nationale, qui examine le projet de révision de la constitution déposé par le gouvernement. our les jeunes de l’union nationale (UN), Héritage et modernité (H&M), Alliance républicaine et démocratique (ADERE), Union du peuple gabonais (UPG solidaire) et tous les autres partis constitutifs de la Coalition pour la Nouvelle République, c’est NON. Il n’y aura pas d’amendement de la constitution au Gabon comme l’envisage le gouvernement. A en à croire la Représentante des jeunes Upegistes solidaires, Elza Richuelle BOUKANDOU, qui dirigeait cette manifestation, « la question de la révision de la constitution ne devrait laisser personne insensible, car elle est la loi fondamentale, et revêt une importance vitale pour la République ». Richuelle BOUKANDOU ne manque pas de regretter l’indifférence presque généralisée de la population sur une question aussi cruciale. « En ce qui concerne la conservation même de ce qu’on a de plus cher, c’est vraiment grave de penser que cette révision ne devrait interpeler qu’un petit groupe ». Appel au patriotisme collectif Cette manifestation est l’occasion, selon les organisateurs, d’interpeller les jeunes, qu’ils soient de l’opposition ou même de la majorité, afin qu’ils défendent la loi fondamentale de leur pays. Car c’est l’avenir du pays qui en dépend. Il s’agit d’appeler tous les jeunes gabonais à un sursaut de patriotisme collectif, afin que la contestation contre cette modification constitutionnelle ne se fasse plus uniquement sur les réseaux sociaux seulement ou dans les maisons, mais aussi et surtout dans la rue. Le choix du lieu de la manifestation (devant l’Assemblée nationale) n’est guère fortuit mais stratégique. La stratégie des manifestants vise justement à faire pression sur les députés pour les contraindre à renoncer à l’adoption dudit texte, dont le dessein inavoué, disent-ils, est de faire du Gabon une monarchie sous le paravent constitutionnel. Les jeunes de la coalition promettent de multiplier les manifestations pacifiques devant l’assemblée et le sénat jusqu’à ce que soit retiré et jeté aux oubliettes ce projet tant controversé. Doriane MOUSSOUNDA Opposition et magistrats pour un référendum Alors que le pouvoir a déjà déposé sur la table des députés qui devraient l’adopter, le projet d’amendement de la constitution, opposition et magistrats dénoncent l’illégalité de la procédure et exigent le recours au référendum. Pour ces derniers, le mandat des parlementaires actuellement en poste à l’Assemblée nationale ayant expiré en décembre 2016, seul le peuple est habilité à trancher la question. a revendication du référendum, soutenue par le syndicat national des magistrats du Gabon (SYNAMAG), a été exprimée dès le dépôt par le ministre de la justice, Me Francis Nkéa, du projet de modification constitutionnelle sur la table des députés de la commission des lois, des affaires administratives et des droits de l’Homme le mois dernier. Inacceptable pour les magistrats qui pointent du doigt l’illégalité de la procédure initiée par le gouvernement. Les hommes en toges expliquent que le mandat des députés actuellement en fonction ayant expiré, tout recours à l’Assemblée nationale pour adoption d’un projet de réforme constitutionnelle est purement et simplement «illégal». Reste donc le recours au peuple, seul habilité à trancher, selon eux sur la question. Recours au peuple, c’est aussi ce que préconise l’ancien candidat indépendant à la dernière élection présidentielle, Gérard Ella Nguema. « Nous devons rester sereins. Ceux qui pensent que cette constitution fait entorse à la forme républicaine, qu’ils s’en réfèrent au peuple. Ceux qui pensent que la révision de certains articles et de certains aspects de notre constitution est nécessaire, doivent, eux aussi s’en référer au peuple. Le peuple est souverain », insiste-t-il. Même combat pour le Front uni Le premier mouvement à avoir revendiqué ouvertement la tenue d’un référendum est le groupe parlementaire, Front Uni de l’opposition, piloté par le sénateur, Jean Eyeghe Ndong. Faisant partie de ce groupe parlementaire, le 6e vice-président du sénat, Jean Christophe Owono Nguema, avait déjà appelé les Gabonais à descendre dans la rue, afin de faire échec à ce projet en chassant Ali Bongo Ondimba du pouvoir. Et cela est d’autant plus délicat que certains craignent une remise en question totale des fonctionnalités démocratiques en vigueur dans le pays depuis plus de deux décennies. Au nombre de ces inquiets se trouve Me Louis Gaston Mayila, président de l’Union pour la Nouvelle République (UPNR opposition pro Ping). Pour Mayila, la réforme constitutionnelle envisagée par le gouvernement comporte autant d’impairs qui menacent les acquis démocratiques obtenus au sortir de la conférence nationale de 1990. Il faut donc s’en remettre au peuple, surtout pour une question concernant la modification de la constitution d’un pays. Mais même si Magistrats et opposition restent mobilisés contre l’amendement de la constitution voulu par les acteurs au dialogue d’Angondje, leurs marges de manœuvres semblent bien limitées devant la détermination du pouvoir décidé coûte-que- coûte à faire passer le texte par voie parlementaire. Surtout avec un parlement majoritairement acquis à sa cause. Pierre-Parfait MBADIKUMBE
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Congrès du parti démocratique gabonais. Le grand chambardement
C’est ce qui ressort du onzième congrès ordinaire du Parti Démocratique Gabonais, PDG, tenu du 8 au 10 décembre dernier au stade d’Angondjé. Sous le signe de la «revitalisation» et de la «régénération», le dernier congrès du PDG a été l’occasion de laver à grande eau le secrétariat exécutif de la formation politique de feu Omar Bongo Ondimba.
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Après sa démission du Centre des Libéraux Réformateurs. Eloi Nzondo dépose ses valises au parti démocratique
Après avoir rendu son tablier de vice-président du Centre des Libéraux Réformateurs(CLR) en septembre dernier, Eloi Nzondo, a fait sa grande entrée au Parti Démocratique Gabonais (PDG). C’était à la faveur d’un meeting en novembre dernier. Cet atterrissage médiatique au PDG avive les soupçons d’opportunisme.
Déclaration de Jean Ping à Libreville. « Ali Bongo sait très bien qu’il va partir »
« C’est une certitude et nous allons entrer au palais », insiste Jean Ping. L’ancien candidat de l’opposition à la présidentielle de 2016 l’a réitéré dernièrement au cours d’une causerie à la permanence politique du sénateur Jean Eyeghe Ndong, son allié.
Il veut la dissolution du parti au pouvoir . « Ali ne réussira pas avec le PDG», affirme Mavioga
Le porte-parole de la majorité, Guy Christian Mavioga est convaincu qu’Ali Bongo n’ira pas loin, sans une dissolution préalable du parti qui l’a porté au pouvoir, le parti démocratique gabonais (PDG). Le PDG, c’est l’obstacle majeur à la politique d’Ali Bongo de faire du Gabon un pays émergent à l’horizon 2025. Mavioga l’avait dit en octobre dernier à l’occasion des huit ans du président gabonais au pouvoir. Il l’a encore martelé récemment, lors d’une conférence de presse à Libreville.