Pour apaiser la grogne. Le gouvernement obtient une trêve sociale fragile

Devant une suite interminable de grèves dans les administrations, le gouvernement a décidé d’engager le dialogue avec les organisations syndicales. Certaines refusent de s’asseoir à la table des négociations, craignant d’être prises au piège par leur tutelle. La trêve sociale reste fragile.

Devant une suite interminable de grèves dans les administrations, le gouvernement a décidé d’engager le dialogue avec les organisations syndicales. Certaines refusent de s’asseoir à la table des négociations, craignant d’être prises au piège par leur tutelle. La trêve sociale reste fragile. 

Comment parvenir à une accalmie sociale en dialoguant avec des syndicats radicalement opposés sur la question ? Le gouvernement serait-il l’instigateur des divisions entre centrales syndicales, afin de gagner du temps. L’interrogation est d’autant plus pertinente que certains soupçonnent le pouvoir de soudoyer quelques syndicats pour faire accepter à leurs bases l’urgence d’une trêve sociale. 

Cette accusation se fonde sur l’accord signé fin septembre dernier entre une frange de l’intersyndicale des régies financières dite modérée et les responsables des ministères de l’économie et du budget. Le protocole d’accord prévoyait la mise en place d’un mécanisme concerté de paiement de primes et d’apurement des arriérés ainsi que la formation d’un comité bipartite pour déterminer les niches de recettes et les taux de répartition. 

Or, c’est justement sur ce point que le bât blesse.  L’intersyndicale a donc fait  parvenir un courrier à la tutelle, en octobre dernier, en désaccord total avec ledit mécanisme de paiement. « L’intersyndicale est surprise que de manière unilatérale, l’Etat envisage de payer le 10 octobre 2017, les primes pour le compte des mois d’août et septembre sans avoir mis en place au préalable un comité ad-hoc », a signalé le président de l’intersyndicale des régies financières, Jean Didier MBatchi Bayonne. La trêve d’une durée de trois ans interdit aux syndicats d’engager des mouvements de grève pour quelque raison que ce soit.

« Négocier avec les seules confédérations »

Si la proposition séduit certains syndicats en plus de la frange de l’intersyndicale des régies financières et des organisations syndicales ayant pris part au dialogue national politique initié par le pouvoir en place, réunies au sein de la plate forme « Bloc de la première seconde », un regroupement de syndicats, elle tient difficilement la route pour Dynamique Unitaire de Jean Remy Yama et  celui du Congrès des agents publics et parapublics de l’Etat (Cappe) d’Emmanuel Mve Mba. Ce dernier  dénonce la démarche engagée pour la mise en œuvre du mécanisme de cette trêve sociale «  Pour qu’il y ait une trêve sociale, il faut la demande du gouvernement et non l’inverse. Or, à ce jour cela n’a pas encore été fait. Nous considérons que ce sujet n’est pas d’actualité au Gabon. Quand le gouvernement va nous saisir officiellement, nous allons examiner cette question et voir la démarche à entreprendre. Ce qui se passe aujourd’hui c’est que certains ministres s’activent à créer des syndicats pour la mise en place d’une trêve sociale virtuelle. Si nous voulons assainir le monde social, il faut faire avec la réglementation en vigueur qui voudrait que l’Etat ne dialogue qu’avec les confédérations syndicales », explique Emmanuel Mvé Mba. 

Un avis que partage, Jean Remy Yama, qui évoque la nécessité de régler certains préalables avant de se lancer dans ledit processus. Voilà qui compromet sérieusement la trêve signée par le gouvernement et une partie des syndicats. Surtout quand on sait le poids de Dynamique Unitaire, une centrale syndicale regroupant plusieurs syndicats radicaux, dont la CONASYSED, le principal syndicat des enseignants que le gouvernement a dissout récemment pour son intransigeance. 

Devant la détermination de ces grands syndicats, le gouvernement joue la carte de l’apaisement. Le ministre de la fonction publique, Jean-Marie Ogandaga assure qu’« aucun partenaire social n’est exclu ». « Tout le monde est invité à donner son opinion et à apporter un plus. Et nous mettons tout en œuvre pour que les consultations engagées aboutissent dans les délais raisonnables. », a-t-il insisté. Sera-t-il entendu ? Rien n’est moins sûr pour le moment. 

 

Nathan MOORE  

 

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