Mouvements citoyens en Afrique . A la recherche d’une démocratie véritable

Société civile de plus en plus active, syndicalistes plus incisifs, jeunes activistes vent debout contre les régimes en place… Les mouvements citoyens en Afrique pour la démocratie et l’alternance politique constituent, en ce XXIème siècle, une épine aux pieds de certains pouvoirs en place. Du Sénégal avec «Y-en-a-marre» au Burkina Faso avec le «Ballet citoyen», en passant par la République Démocratique du Congo avec la «Lucha» et «Filimbi», sans oublier le Gabon avec certains activistes politiques, la mobilisation contre certains Chefs d’Etat en poste ne faiblit pas. S’agit-il des signes annonciateurs d’une ère de modernité politique sur le continent ?

Société civile de plus en plus active, syndicalistes plus incisifs,  jeunes activistes vent debout contre les régimes en place… Les mouvements citoyens en Afrique pour la démocratie et l’alternance politique constituent, en ce XXIème siècle, une épine aux pieds de certains pouvoirs en place. Du Sénégal avec «Y-en-a-marre» au Burkina Faso avec le «Ballet citoyen»,  en passant par la République Démocratique du Congo avec la «Lucha» et «Filimbi»,  sans oublier le Gabon avec certains activistes politiques, la mobilisation contre certains Chefs d’Etat en poste ne faiblit pas. S’agit-il des signes annonciateurs d’une ère de modernité politique sur le continent ? 

C’est presqu’un nouveau tournant politique dans la lutte pour la Démocratie et l’Etat de droit en Afrique. En effet, si le combat pour l’alternance politique était jusque là polarisé ou mené par les seuls opposants aux différents régimes en place, des opposants dont les plus en vue sont pour l’essentiel des anciens compagnons du sérail, depuis quelques années, d’autres acteurs font progressivement leur entrée dans la bataille. Ce sont la société civile, les syndicats, les mouvements des jeunes activistes, et tout ce qui peut contribuer à contester ou à mettre à mal certains pouvoirs jugés antidémocratiques. Le tout favorisé par la montée fulgurante des réseaux de communication dont les plus utilisés sont Facebook, Twitter, WhatsApp. Ce qui contraint les gouvernements en place à couper Internet à la moindre manifestation. Finie donc la lutte par la seule opposition politique traditionnelle, parfois rattrapée par ses atermoiements et ses compromis avec le pouvoir au nom de la realpolitik, en montrant parfois des signes d’essoufflement. 

«Y-en-a-marre» au Sénégal

Le ton de ces mouvements a été donné en 2011 au Sénégal, lorsque de jeunes activistes opposés à la volonté supposée ou avérée de l’ancien président Abdoulaye Wade de se maintenir au pouvoir, se sont réunis autour d’un mouvement contestataire baptisé «Y-en-a-marre». Et c’est peut-être pour cela que la reconnaissance de sa défaite par le vieux président au profit de son ancien Premier Ministre, Macky Sall, a été en grande partie attribuée à la mobilisation et à l’acharnement sans relâche des jeunes activistes qui, des semaines durant, ont essuyé gaz lacrymogènes et tirs à balles réelles.    

«Ballet citoyen» au Burkina Faso

Non loin du pays de la Teranga, au Burkina Faso, le mouvement «Ballet citoyen» a dû peser de tout son poids à travers une mobilisation presqu’inédite aux côtés des opposants sortis du sérail  comme Zéphirin Diabré, Marc Roch Christian Kabore (l’actuel Chef de l’Etat) pour faire échouer le projet d’amendement de la constitution qui aurait dû permettre au président Blaise Compaore de briguer un autre mandat. Ce qui a contraint l’ancien compagnon de Thomas Sankara à fuir illico presto le pays en direction de la Côte d’Ivoire voisine où il vit actuellement en exil après 27 ans de pouvoir. Une fuite qui a donné lieu à l’organisation, en 2015, d’une élection présidentielle largement saluée par la communauté internationale comme crédible, transparente et inédite dans le pays.  

«La Lucha» et «Filimbi» en RDC

En République Démocratique du Congo, le mutisme mystérieux entretenu par le président Joseph Kabila, sur une possible modification de la constitution a inspiré la naissance de mouvements des jeunes activistes tels que «La Lucha», lutte pour le changement et «Filimbi». Un combat pour lequel ils ont subi la prison et les tirs des hommes en treillis, fidèles au président Kabila. Il aura donc fallu leur détermination, conjuguée à celle du Rassemblement de l’opposition conduit par le défunt vieux opposant, Etienne Tsisékédi, sous la médiation des Evêques, pour parvenir à un accord politique dans lequel le président soupçonné renonce à tout changement de la constitution pouvant lui permettre de se représenter. Même si la mort de Tsisékédi jette désormais un vrai doute sur les chances du fameux accord, il s’agit avant tout d’un acquis obtenu de haute lutte par toutes les forces, qui se sont levées contre le régime de Kabila. 

Jean Ping au Gabon

Au Gabon, le Président Ali Bongo, longtemps après avoir opposé une fin de non-recevoir au dialogue politique, suite aux appels multiples de la communauté internationale, de la médiatrice de la République, Laure Olga Ngondjout, et même d’une partie de l’opposition, qui en a même fait un préalable, a fini par se résoudre à l’évidence et appelle désormais au dialogue. Un appel au dialogue faisant suite à la grave crise postélectorale d’août dernier, qui a mis le pays en coupes réglées. Avec le camp de son rival Jean Ping, qui continue de lui tenir la dragée haute, aidé en cela par certaines organisations de la société civile et  les syndicats,  on peut penser que l’actuel Chef de l’Etat gabonais sera un jour ouvert à un compromis politique, la pression devenant forte. 

Un espoir est permis

Globalement, c’est un bouillonnement démocratique qui s’exprime à travers le continent africain en ce XXIème siècle, qui se veut de plus en plus moderne. Une ébullition qui traduit le besoin d’un arrimage démocratique forcé par des peuples en soif d’alternance,  face à des pouvoirs souvent réputés réfractaires à la modernité politique. Surtout que les exemples d’alternance pacifique au Bénin, entre Yayi Boni et Patrice Talon en 2016 ; au Sénégal entre Aboulaye Wade et Macky Sall en 2012 ; au Ghana entre John Dramani Mahama et Nana Akufi Ado, tout récemment,  mettent de l’eau à la bouche des autres peuples, qui dans leurs pays ne voient encore la passation des charges au sommet de l’Etat que comme un luxe politique. Luxe politique qu’il faut aller chercher de haute lutte, même au prix du sang, en livrant bataille aux régimes qui n’entendent pas céder leurs places. Et c’est peut-être là un espoir de démocratie, même si le chemin à parcourir pour y arriver reste encore parsemé d’embuches pour tous ceux qui s’y aventurent. 

 

Charles Nestor NKANY

 

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