Si Ali Bongo Ondimba a été déclaré réélu au terme de la présidentielle du 27 août dernier, son magistère s’annonce déjà comme un mandat difficile dans un pays qui semble avoir perdu son symbole : la paix. Et pour cause, les violences postélectorales qui ont suivi l’annonce de sa réélection très contestée ; la crise économique due à la chute des cours du pétrole ; les législatives de décembre prochain, qui risquent de dessiner une cohabitation nette du pouvoir ; les grèves en suspend ; etc. c’est un cocktail qui ne présage pas un règne tranquille pour l’ancien nouveau président de la république.
Si Ali Bongo Ondimba a été déclaré réélu au terme de la présidentielle du 27 août dernier, son magistère s’annonce déjà comme un mandat difficile dans un pays qui semble avoir perdu son symbole : la paix. Et pour cause, les violences postélectorales qui ont suivi l’annonce de sa réélection très contestée ; la crise économique due à la chute des cours du pétrole ; les législatives de décembre prochain, qui risquent de dessiner une cohabitation nette du pouvoir ; les grèves en suspend ; etc. c’est un cocktail qui ne présage pas un règne tranquille pour l’ancien nouveau président de la république.
Un pays en crise, voire même ingouvernable. Voilà ce qui attend désormais Ali Bongo Ondimba qui vient d’être porté dans la douleur à la tête du Gabon pour un nouveau mandat de sept ans. Surtout après les violences postélectorales, qui ont éclaté à la suite de l’annonce de la réélection très polémiquée de l’actuel Chef de l’Etat. Et pour cause, les conjonctures économique et politique, avant, pendant et après la présidentielle du 27 août semblent déjà donner le ton d’une crise multisectorielle majeure pour le prochain mandat présidentiel. Point besoin d’être spécialiste en économie pour comprendre que l’économie gabonaise repose à plus de 60% sur les recettes pétrolières. Ce qui impacte considérablement sur la réalisation des infrastructures de base et autres projets avec le déficit de cette manne pétrolière. A ce contexte économique difficile, il faut ajouter la crise politique inédite, avec le raidissement de positions entre le président de la république et son principal rival, Jean Ping qui lui continue de revendiquer sa victoire et appelle la communauté internationale à punir Ali Bongo pour son coup d’Etat « militaro-électoral ».
Tout part de 2009
En réalité la crise que traverse le Gabon présentement n’est autre que la poursuite du contentieux électoral jamais réglé de la présidentielle anticipée de 2009. Contentieux essentiellement marqué entre deux meilleurs amis, Ali Bongo Ondimba et André Mba Obame, «deux frères» de longue date, tous disciples d’Omar Bongo devenus ennemis inconciliables au goût du pouvoir. Et la rupture à la mort du patriarche Omar Bongo; la prestation du serment par Mba Obame qui s’autoproclame président du Gabon avec son gouvernement parallèle ; la dissolution de son parti, l’union nationale et la mort qui l’a emporté sont autant d’indications, qui justifient l’impréparation du scrutin de 2009 et le doute qui a ponctué ses résultats. Surtout que dans les rangs de l’opposition, la mort d’André Mba Obame n’est pas vécue comme une mort naturelle. Elle serait imputable au cercle d’Ali Bongo, qui se serait débarrassé d’un adversaire encombrant. S’en sont donc suivi la défiance et la suspicion entre les deux camps. Le tout sur fond d’une hémorragie sans précédent au sein du parti démocratique gabonais (PDG) au pouvoir, et de polémique liée à l’Etat civil d’Ali Bongo. Ce qui a empoisonné davantage le climat politique, avec de grèves généralisées. Et les violences postélectorales enregistrées dernièrement ne sont autre chose que le corollaire de l’échec du dialogue politique, malgré de multiples appels en vain de la communauté internationale, de l’opposition et même de la médiatrice de la république, à une large discussion entre acteurs politiques pour baliser le chemin de l’élection présidentielle de 2016.
Vers une cohabitation du pouvoir
Avec la crise de légitimité qui le poursuit depuis 2009, crise accentuée aujourd’hui par l’idée d’une « élection volée », des partisans de Jean Ping qui n’entendent pas se résoudre au fait accompli, le tout additionné à l’isolement international et l’exacerbation d’un climat sociopolitique de plus en plus tendu, cela ne fera qu’enfoncer de plus bel le pays dans l’abîme. Ce qui rend difficile l’exercice du mandat d’Ali Bongo. Surtout avec les élections législatives de décembre prochain qui risquent de donner une majorité parlementaire, sinon une bonne représentation de l’opposition à l’Assemblée nationale, si on s’en tient au score officiel de 46,14% de Jean Ping contre 50,66% pour Ali Bongo à la dernière présidentielle. Ce qui forcera d’ailleurs l’actuel président de la république à cohabiter avec un premier Ministre issu de l’opposition. Une cohabitation tellement difficile qu’elle empoisonnera davantage le climat politique et rendra presqu’ingouvernable le pays pendant les sept prochaines années, au regard de l’inimitié trop grande entre les deux camps. Puisque les députés de l’opposition dans ce cas vont bloquer tous les textes et autres projets de loi venant du pouvoir. Ils pourront aller jusqu’à voter de motions de censure et de destitution à l’encontre du premier Ministre ou d’Ali Bongo lui-même, qui à leurs yeux ne sera qu’un simple usurpateur. Les grèves des enseignants qui ont voté majoritairement pour Ping et qui menacent déjà de paralyser la rentrée scolaire ne sont pas en reste. C’est donc comprendre que si Ali Bongo Ondimba a remporté l’élection, le plus difficile pour lui reste de gouverner un pays complètement fracturé, ou même d’aller au bout de son mandat avec un ressentiment postélectoral persistant.
Charles Nestor Nkany