Malgré les promesses de Bongo. Les enseignants du public en grève

Les promesses d’Ali Bongo Ondimba au monde de l’éducation publique, lors de ses vœux à la nation le 31 décembre 2017, n’ont pas suffi à apaiser la colère des enseignants. Ils ont « grevé » le 3 janvier dernier.

Les promesses d’Ali Bongo Ondimba au monde de l’éducation publique, lors de ses vœux à la nation le 31 décembre 2017, n’ont pas suffi à apaiser la colère des enseignants. Ils ont « grevé » le 3  janvier dernier. 

Les revendications des enseignants restent les mêmes depuis plusieurs années : le paiement des arriérés de salaires, l’organisation du concours interne d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure (ENS), prévue les 24 et 25 juin 2017 et finalement reportée sine die, et la non-application des nouveaux paramètres de la pension retraite réduisant les salaires des enseignants dès janvier 2018, constituent les points saillants de leurs revendications.

A cela s’ajoutent la régularisation des situations administratives, la non-application des réformes constitutionnelles tendant à supprimer les syndicats, l’annulation du double-flux, l’arrêt des violences en milieu scolaire, le paiement de la bourse des élèves, l’annulation des conseils de discipline arbitraires.

«Réhabiliter  la Conasysed»

Mais le coup de sang des enseignants membres de la Convention nationale des syndicats du secteur de l’éducation (Conasysed), c’est la réhabilitation de leur centrale syndicale. Elle avait été dissoute par le gouvernement l’année dernière à cause de son intransigeance. Saisie par les enseignants, la Cour constitutionnelle, dans une décision du 22 juin 2017, avait arrêté que la « Conasysed conserve sa personnalité juridique, conformément à l’article 4 de la convention 87 de l’Organisation internationale du travail (OIT) et à la lettre du ministre du Travail à l’O.I.T du 30 juin 2017». 

La fin de la trêve

La trêve, concédée par les enseignants, n’aura été que de courte durée. Ils estiment que le temps accordé à la nouvelle ministre de tutelle, Nadine Patricia Anguilet a largement expiré. « Nous avions fait trois mois sans grève depuis que Nadine Patricia est au ministère de l’Éducation Nationale, parce que nous avions décidé d’observer. On se rend compte que cette dame ne fait rien», déplore le conseiller stratégique de la Conasysed, Simon Ndong Edzo.

Auditionnée au sénat, la ministre ne s’est appesantie que sur le recrutement de 1 000 nouveaux enseignants du secondaire durant l’année en cours. Objectif, selon elle, résoudre le déficit d’enseignants que connait le pays depuis  plusieurs années. 

Quid des promesses d’Ali Bongo ? 

Dans son discours à la Nation le 31 décembre, Ali Bongo Ondimba a annoncé des décisions, qui devraient, de son point de vue, révolutionner l’école gabonaise. Le président promet de pourvoir en salles d’informatique et connexion internet 94 écoles du secondaire reparties sur le territoire national.

« (…) J’annonce également un vaste plan de rénovation des écoles primaires sur l’ensemble du territoire. Un projet qui vise une véritable remise à neuf des établissements avec des travaux qui seront réalisés sur les aspects aussi bien esthétiques que pratiques et sécuritaires : réseaux électriques, plomberie, toitures, menuiseries, peintures… », a-t-il déclaré. Autre annonce : la livraison de 80 000 table-bancs durant cette année 2018, 90.000 autres ayant déjà été livrés entre 2016 et 2017, sur une commande totale de 170.000 bancs.

Une école à deux vitesses

Voilà grosso modo la description de l’Education au Gabon. Si les établissements privés réussissent bon gré mal gré à boucler les programmes et à respecter les quantums horaires arrêtés par le ministère de l’Education nationale, tel n’est pas le cas dans le public. Depuis 1990, rares sont les années qui ont démarré sans grèves d’étudiants ou d’enseignants, allant parfois jusqu’à plus de six mois d’interruption des cours, hypothéquant ainsi les années académiques et la qualité de la formation reçue par les apprenants. D’où le «désamour» de certains parents qui préfèrent dépenser de sommes considérables pour inscrire leurs enfants dans des écoles privées, voire à l’étranger pour les plus nantis, plutôt que dans les établissements publics du pays.

Dans ce contexte, les promesses du président Bongo trouvent rarement d’échos. 

Yannick Franz IGOHO

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