Contre la réforme constitutionnelle. Jean Ping veut mobiliser la rue

Adopté en conseil de ministres fin septembre dernier, le projet de révision de la constitution initié par le gouvernement n’a pas fini de faire des vagues au sein du microcosme politique gabonais. Comme tous les autres opposants qui dénoncent une constitution taillée sur mesure, le leader de l’opposition, Jean Ping, promet de ”faire échouer” la manœuvre par une mobilisation de la rue.

Adopté en conseil de ministres fin septembre dernier, le projet de révision de la constitution initié par le gouvernement n’a pas fini de faire des vagues au sein du microcosme politique gabonais. Comme tous les autres opposants qui dénoncent une constitution taillée sur mesure, le leader de l’opposition, Jean Ping,  promet de ”faire échouer” la manœuvre par une mobilisation de la rue. 

Alors qu’il est encore sur la table du parlement, qui devrait l’adopter après d’éventuels amendements, le projet de révision de la constitution déposé par le pouvoir à la suite du dialogue politique d’Angondje ne passe pas pour l’opposition. Après le 6e vice-président du Sénat, Jean Christophe Owono Nguema, le président de l’union nationale (UN), Zacharie Myboto, le groupe parlementaire Front uni de l’opposition, Jean Ping va, lui aussi, en guerre contre la future constitution, susceptible de concentrer tous les pouvoirs entre les mains du seul président de la république. En cause certains articles qui réduisent toute possibilité pour l’opposition d’imposer une cohabitation au pouvoir en cas de majorité à l’Assemblée nationale. L’article 8 par exemple stipule que « le Président de la République est le Chef suprême du pouvoir exécutif », sans faire allusion au premier ministre avec qui il partage l’exécutif dans l’ancienne constitution.

L’ancien candidat de l’opposition à la dernière présidentielle qui se réclame toujours le président élu du Gabon, appelle tous les Gabonais à se lever pour faire barrage à ce projet. « Nous devons faire échouer cette révision constitutionnelle parce qu’elle porte en elle les germes de la liquidation de la république et l’instauration d’un royaume au Gabon », a estimé l’opposant le 4 novembre dernier. Selon Jean Ping, il n’y a qu’une mobilisation de la rue de grande envergure pour avoir raison de cette révision constitutionnelle. « Si nous nous mobilisons,  nuit et jour, partout à travers tout le pays, cette révision constitutionnelle ne passera pas ». 

Le pouvoir : « mauvaise interprétation »

Pour le pouvoir qui dénonce la mauvaise foi de l’opposition, il ne s’agit nullement d’installer un pouvoir monarchique au Gabon, même s’il ne trouve rien à rétorquer aux accusations portant sur le régime présidentiel. Interrogé par la presse en octobre dernier, le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, Alain Claude Billie By-Nze a assuré que « personne n’a l’intention, l’envie et le désir » d’instituer une monarchie, fut-elle constitutionnelle au Gabon. Sur les accusations d’un régime de type présidentialiste, Billie By-Nze répond qu’un régime présidentiel n’est pas moins démocratique qu’un régime parlementaire. 

Quid du rapport de forces ?

Entre d’un côté une opposition qui a boycotté le dialogue politique et qui tente de se rattraper en faisant barrage aux réformes constitutionnelles envisagées par le pouvoir, et de l’autre,  un gouvernement cherchant coute-que-coute à faire adopter les recommandations du dialogue, le rapport de forces semble pencher pour l’instant en faveur pouvoir qui dispose d’une large majorité au parlement pour voter le projet querellé. A cela, il faut ajouter la mobilisation des forces de l’ordre et de sécurité, qui, au besoin, n’hésiteront  pas à gazer toute mobilisation de l’opposition. A moins qu’il s’agisse de mobilisations de grande ampleur, susceptibles de faire plier le pouvoir. Scénario peu probable au regard du découragement qui semble avoir gagné les Gabonais dans leur ensemble. Depuis la dernière mobilisation géante du 31 août 2016 au sortir de l’élection présidentielle, les appels à manifester de l’opposition peinent à rassembler. Une sorte de résignation s’est emparée de bon nombre de militants de l’opposition, dont certains ont même rejoint le pouvoir d’Ali Bongo. Dans ce cas, l’appel de Jean Ping à « faire échec » au projet de réforme constitutionnelle risque, là encore, de sombrer dans l’indifférence.   

 

Raïssa MOUBECKA

 

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