Bruno Ben Moubamba, ministre d’Etat chargé de l’Habitat, a été limogé le 7 septembre dernier par décret présidentiel. C’est le Premier ministre, Emmanuel Issoze-Ngondet, qui s’est chargé lui-même de lire le communiqué de ce débarquement, afin de mieux se débarrasser de cet ancien candidat à la présidentielle devenu trop encombrant pour le pouvoir.
Bruno Ben Moubamba, ministre d’Etat chargé de l’Habitat, a été limogé le 7 septembre dernier par décret présidentiel. C’est le Premier ministre, Emmanuel Issoze-Ngondet, qui s’est chargé lui-même de lire le communiqué de ce débarquement, afin de mieux se débarrasser de cet ancien candidat à la présidentielle devenu trop encombrant pour le pouvoir.
Décision sans surprise, surtout que Bruno Ben Moubamba multipliait les attaques à l’endroit de ses collègues du gouvernement. Avec ses collaborateurs dans son administration, les relations n’étaient pas plus au beau fixe. Sa dernière décision de suspendre trois directeurs généraux aurait été une bravade de trop pour le pouvoir qui a décidé de mettre un terme à sa carrière de ministre.
Arrivé troisième à l’élection présidentielle d’août 2016, avec 0,53% selon les résultats officiels, Bruno Ben Moubamba avait rallié le pouvoir avant d’être nommé Vice-Premier ministre, chargé de l’Habitat, de la ville et de l’Urbanisme en septembre de la même année. Ses prises de position trop libres, comme lorsqu’il juge le prêt des 642 millions de dollars, accordé au Gabon par le Fond Monétaire International (FMI) en juin dernier, de mise sous tutelle du pays, n’avaient pas entamé la confiance d’Ali Bongo qui l’avait reconduit à son poste, le 21 août dernier, dans le gouvernement d’ouverture.
Mais cette confiance a eu manifestement ses limites. Puisque dans le communiqué de son limogeage, Emmanuel Issoze-Ngondet déclare que le gouvernement « ne saurait, en aucune manière, devenir un forum au sein duquel chaque individu fait valoir ses propres intérêts ». Bruno Ben Moubamba a été remplacé par Josué Mbadinga Mbadinga, jusque-là premier secrétaire du Sénat.
Moubamba : « j’ai mené le bon combat »
Dans une conférence de presse donnée le 11 septembre dernier sur les raisons de son éviction, le désormais ancien ministre de l’Habitat accuse le Premier ministre de l’avoir dépouillé de ses prérogatives de ministre. « Le Premier ministre, plutôt que de diriger l’action du gouvernement, a décidé de s’arroger la direction du ministère en charge de l’Habitat, de l’Urbanisme, du Cadastre et des travaux topographiques », a-t-il dit. Moubamba traite même le gouvernement Issoze-Ngondet d’un « gouvernement d’ennemis du Gabon ». « La présence des adversaires du développement du Gabon est forte au sein du gouvernement », a déclaré l’ancien ministre qui dit avoir été limogé parce qu’il était devenu trop encombrant, en bloquant les tentatives d’enrichissement illicite de certains cadres qui en avaient l’habitude. Poursuivant son réquisitoire contre le Premier ministre, il l’accuse, mais en des termes voilés, « d’être un incompétent », en lui reprochant le fait d’avoir entravé son projet de construction de dix mille logements. Moubamba ne regrette rien puisqu’il a mené, selon lui, le bon combat et il ne perd pas pour autant la foi.
Quid de sa carrière politique ?
Président de l’Alliance pour le Changement et le Renouveau (ACR), Bruno Ben Moubamba promet de reprendre son combat politique là où il l’avait laissé. Sauf que celui qui fait partie de ceux qu’on nomme « opposants poids-plume » souffre, comme tous les autres de sa catégorie, d’un discrédit dont il a du mal à se remettre pour son instabilité politique. Ira-t-il grossir les rangs des «mécontents» du dialogue d’Angondje, qui réclament leur part du gâteau dans le gouvernement d’ouverture, ou va-t-il décider de faire cavalier seul ? Dans tous les cas, même si Bruno Ben Moubamba reste optimiste (« J’ai achevé ma course au ministère de l’Habitat, mais les idées d’un homme ne meurent jamais », assène-t-il), la carrière de l’ancien ministre semble compromise et le décollage n’est certainement pas pour demain matin.
YFI