Le Gabon, dont l’économie est fortement liée au secteur pétrolier, subit de plein fouet les retombées de la crise internationale des cours des matières premières. Pour limiter les soubresauts liés à ces perturbations, le Gouvernement a demandé l’aide du Fonds Monétaire International (FMI) qui a approuvé un accord élargi de 642 millions de dollars, soit 382 milliards de FCFA pour la période 2017-2020 (1).
Le Gabon, dont l’économie est fortement liée au secteur pétrolier, subit de plein fouet les retombées de la crise internationale des cours des matières premières. Pour limiter les soubresauts liés à ces perturbations, le Gouvernement a demandé l’aide du Fonds Monétaire International (FMI) qui a approuvé un accord élargi de 642 millions de dollars, soit 382 milliards de FCFA pour la période 2017-2020 (1).
Les arguments avancés pour analyser ce prêt s’appuient sur la situation assez critique que traverse le pays. Ce plan de sauvetage a été lancé parce que la crise est devenue insupportable : une croissance peu reluisante (+ 4,4 % en 2014, mais + 2,1 % en 2016, selon le FMI), des soldes budgétaires qui ont viré au rouge (+ 2,3 % en 2014, mais – 6,6 % en 2016), une dette publique qui a doublé (33 % du PIB en 2014, mais 64 % en 2016).
Plan d’ajustement structurel…
A l’annonce de ce prêt, on a assisté à une véritable levée de boucliers. Bruno Ben Moubamba, ancien vice-premier ministre en charge de l’Habitat et fondateur de Alliance pour le changement et la restauration (ACR), s’est prononcé contre ce Plan d’ajustement budgétaire. « Ce serait une tragédie pour notre pays. » Le ministre dit « ne plus comprendre la stratégie de l’endettement via la Banque mondiale ou le FMI qui consiste à mettre le pays sous tutelle ».
Ce point de vue est aussi soutenu par l’analyste économiste Mays Mouissi. « Cette aide du Fonds monétaire international (FMI) renvoie clairement à «un plan d’ajustement structurel. », a-t-il déclaré dans une interview parue dans l’hebdomadaire L’Aube, du 27 juin. Il explique que ce plan d’ajustement structurel se traduira dans les prochaines semaines par des coupes budgétaires dans certains programmes de l’État. «Il ne s’agit ni d’un signe de confiance ni de la légitimation d’une quelconque autorité politique. C’est juste la conséquence d’une gestion peu rigoureuse des finances publiques par les responsables qui se sont succédé à la tête de l’État gabonais au cours des dernières années», a repris l’analyste.
«En d’autres termes, le FMI a décidé d’intervenir parce qu’il considère que la situation économique du Gabon est extrêmement dégradée. Vous pouvez constater que sur les 642 millions USD que le FMI accepte de prêter au Gabon, seuls 15% sont effectivement mis à la disposition du gouvernement. Avant de décaisser les 85% restants, le FMI veut s’assurer que le gouvernement fasse les réformes structurelles qu’il attend», poursuit-il.
…Ou plan de relance économique
Mais pour le ministre de l’Économie, de la Prospective et de la Programmation du Développement durable, Régis Immongault, « Contrairement à l’opinion qui s’est répandue, le Gabon n’est nullement sous tutelle du FMI. Tout comme l’accord financier qu’il vient de signer n’a rien à voir avec une économie gabonaise qui serait en faillite. Loin s’en faut», souligne-t-il. Rappelant que « le programme du Gabon avec le FMI s’inscrit dans la vision du gouvernement axée sur le plan de relance économique 2017-2019, qui a pour principal objectif une croissance inclusive dont le volet social constitue le socle ».
A la question de savoir si le Gabon n’est pas en train de se mettre la corde au cou avec tous ces emprunts ? Il précise : « En même temps nous empruntons, en même temps, nous nous endettons, c’est la vie normale. Car cet endettement viable est essentiellement axé sur les infrastructures de développement économique et social : routes, dispensaires, écoles, secteurs agricole, miniers, etc. » Pour soutenir ces réformes structurelles, « la création du Haut conseil de l’Investissement (HCI) va renforcer l’attractivité avec la nouvelle plate-forme public/Privé visant l’investissement étranger et national.» Malgré le contexte difficile, le ministre insiste sur l’apport de la diversification de l’économie qui, depuis 2010, a pu sortir le pays de la tutelle du secteur pétrolier, entraînant un accroissement Mais que prévoit alors le plan de relance économique ? « C’est le programme présenté qui a été approuvé par le FMI et son conseil d’administration. Il a permis de donner de l’oxygène à l’économie. De 2010 à 2014, ce sont les secteurs hors pétrole qui ont été porteurs de croissance d’environ 6% pour, après, s’essouffler à 3% (2015), et 2, 1% (2016), à cause du maintien toujours bas du secteur pétrolier. Ce plan, en revanche, va servir à doper la croissance du secteur économique en vue de l’amener vers une trajectoire soutenable », précise notre interlocuteur.
Gérard-Philipe Walker
(1) Ce programme d’aide fait suite à l’appel des chefs d’Etat des six pays de la Communauté économique et monétaire des Etats d’Afrique centrale, Cémac (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad) qui en décembre dernier, à Yaoundé avaient demandé l’aide du FMI entre autres. Ils craignaient notamment une dévaluation du franc CFA.