L’enquête judiciaire ouverte suite à la révolution avortée d’Aba’a Minko, ancien candidat à la dernière présidentielle, n’a toujours pas livré tous ses secrets. Alors que le pouvoir accuse Jean Ping d’être derrière l’opposant qui s’était rallié à sa candidature, le camp Jean Ping, lui, soutient qu’il s’agit bien d’une manipulation du régime Bongo pour faire porter la responsabilité des violences politiques à son rival.
L’enquête judiciaire ouverte suite à la révolution avortée d’Aba’a Minko, ancien candidat à la dernière présidentielle, n’a toujours pas livré tous ses secrets. Alors que le pouvoir accuse Jean Ping d’être derrière l’opposant qui s’était rallié à sa candidature, le camp Jean Ping, lui, soutient qu’il s’agit bien d’une manipulation du régime Bongo pour faire porter la responsabilité des violences politiques à son rival.
Plus de trois mois après la révolution avortée de Roland Désiré Aba’a Minko, la justice n’a toujours pas révélé la « main noire » qui se cache derrière cet ancien candidat à la dernière présidentielle. Si le message porté par Aba’a Minko n’est pas parvenu à ébranler Ali Bongo Ondimba à qui il a accordé 3 jours pour quitter le pouvoir, il a réussi malgré tout à raviver les hostilités entre les camps d’Ali Bongo et de son opposant, Jean Ping. Lesquels s’accusent mutuellement d’être derrière le coup. La première salve est partie de Jean Ping, qui s’est très vite désolidarisé de l’acte de son allié.
En effet, dans un communiqué lu par son porte-parole, Jean Gaspard Noutoum Ayi, Jean Ping « attire l’attention de l’opinion et de la communauté internationale sur la nécessité de ne pas se servir opportunément de ces évènements, auxquels ni lui, ni la coalition ne sont mêlés d’aucune manière pour créer au Gabon une situation d’exception à travers laquelle tous les excès et toutes les violations trouveront leur justification ».
Pour Jean Ping, il est clair qu’il s’agit là d’une manœuvre d’Ali Bongo, qui tente de distraire l’opinion, surtout la veille de l’arrivée des juges de la Cour pénale internationale.
Le pouvoir : « Ping derrière Aba’a Minko »
Pour le pouvoir, Aba’a Minko étant l’allié de Jean Ping, à qui il a d’ailleurs fait allégeance dans son message révolutionnaire, il n’y a pas de doute que l’ancien président de la commission de l’Union africaine soit derrière le coup. C’est Alain Claude Billie By-Nze, en tant que ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, qui a porté la charge. « Roland Désiré Aba’a Minko dont le soutien à Jean Ping est notoirement connu, a agi pour le compte de ce dernier qui devait être bénéficiaire d’un aboutissement de son action de violence», a déclaré Billie By-Nze. Le porte-parole du gouvernement ajoute même que « Monsieur Aba’a Minko a agi après avoir écouté tous les discours de violence prononcés avant, pendant et après le scrutin présidentiel par Jean Ping».
Des questions en suspens
Si la classe politique a condamné unanimement ce qu’elle appelle « coup d’Etat manqué », « actes de terrorisme » ou encore « violence politique », c’est selon l’appréciation de chaque chapelle, plusieurs interrogations restent encore pour l’heure sans réponses. Comment Aba’a Minko a-t-il eu autant de liberté pour faire sa déclaration devant le mausolée Léon Mba, situé à quelque cent mètres seulement du commissariat central de Libreville, le tout devant les caméras des médias d’Etat, d’ordinaires hostiles à couvrir les événements de l’opposition, du moins de cette « gravité » là? Pourquoi n’a-t-il pas été arrêté avant d’avoir fait autant de détours en plein cœur de la capitale où militaires, gendarmes et policiers sont souvent en faction ?
Voilà autant de questions qui entourent la révolution avortée de Roland Désiré Aba’a Minko, même si l’intéressé, on le sait, est habitué des coups d’éclat de cette nature. Puisqu’en 2010 il avait fait une grève de la faim pour dénoncer les accords bilatéraux qui lient le Gabon à la France. Accords qui selon l’ancien candidat indépendant à la dernière présidentielle sont à l’origine de tous les maux du Gabon. C’est d’ailleurs sur ce thème qu’il a axé toute sa campagne électorale, avant de se désister au dernier moment pour Jean Ping.
L’affaire Aba’a Minko reste donc entourée de soupçons de manipulation politique de l’un ou de l’autre bord. Seule une enquête sérieuse et réellement indépendante pourra lever le doute.
YFI