Tournée diplomatique de Jean Ping. L’opposant peut-il encore «arracher» le pouvoir ?

Rentré le 25 juillet dernier d’une tournée internationale, Jean Ping demeure égal à lui-même. Pour lui, la chute d’Ali Bongo Ondimba du pouvoir est imminente. Et elle ne passera nécessairement que par l’implication de la communauté internationale.

Rentré le 25 juillet dernier d’une tournée internationale, Jean Ping demeure égal à lui-même. Pour lui, la chute d’Ali Bongo Ondimba du pouvoir est imminente. Et elle ne passera nécessairement que par l’implication de la communauté internationale. 

Après une tournée internationale qui l’a conduit en France, en Allemagne, en Belgique, aux Etats-Unis, le message de Jean Ping n’a pas changé : « Ali Bongo doit partir et il va partir », ce n’est plus qu’une question de temps. C’est ce qu’il a promis à ses partisans venu l’accueillir à l’aéroport de Libreville. Non sans ajouter : « la communauté internationale est en train de nous aider ». Et cela, même si l’ancien candidat de l’opposition à la présidentielle se garde d’expliquer comment la communauté internationale qui semble avoir pris conscience du fait accompli, pourra encore renverser la vapeur en sa faveur. A cette préoccupation, Jean Ping a répondu qu’il n’était pas sage de sa part de dévoiler les actions qu’entend mener la communauté internationale, et spécialement l’Occident pour « le respect de la volonté des urnes ». C’est-à-dire la restitution de sa «victoire volée» par Ali Bongo Ondimba.

L’opposant avait déjà promis dernièrement chez nos confrères de Jeune Afrique : « (…) Si Ali accepte de partir, je le féliciterais et je lui garantirais la possibilité d’aller et venir au Gabon quand il le souhaite. Je lui garantirais également la sécurité de ses biens et ceux de sa famille ». Des propos qui, évidemment, ont été accueillis du côté du pouvoir comme un simple divertissement de Jean Ping, qui ne sait plus où donner de la tête pour prendre son pouvoir. Dans une de ses conférences de presse hebdomadaires, le ministre de la Communication, Alain Claude Bilie By-Nze, s’était déjà moqué de lui comme de quelqu’un qui aime divertir. Ce fidèle d’Ali Bongo avait même lâché devant les journalistes : « Si Jean Ping veut devenir président, alors qu’il prête serment, et qu’il devienne président. Mais s’il franchit la ligne rouge, il sera arrêté». En clair : si Jean Ping venait à jeter ses partisans dans la rue en direction du palais présidentiel comme il prévoyait de le faire en décembre dernier, il sera arrêté.

Un renversement de situation est-il encore possible ? 

Le pouvoir apparemment ne semble plus seul à se moquer d’un opposant qu’il considère comme étant «aux abois». Même dans les rangs de la coalition qui soutient l’ancien président de la Commission de l’Union africaine, certains ne croient plus à un miracle de dernière minute venant de la communauté internationale. Celui qui a le mieux exprimé ce dépit c’est bien l’ancien vice-président de la République, Didjob Divungi Didingue, autre soutien de Jean Ping, qui en réponse au journaliste qui lui demandait sur les antennes de Radio France internationale (RFI), s’il avait encore confiance en la communauté internationale, répondait, avec une gêne à peine dissimulée : « Pourquoi la communauté internationale ne peut pas faire au Gabon ce qu’elle a fait en Gambie ? ». En janvier dernier en Gambie, un déploiement des forces militaires de la de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest soutenu par les Nations unies, avait obligé l’ancien président Yahya Jammeh à céder le pouvoir  à Adama Barrow, le président élu.  Mais cette politique de deux poids deux mesures de la communauté internationale, l’ancien vice-président de la République ne semble pas le seul à la regretter.

Le «ni ni» de Ngondjout

Devant ce qui apparaît déjà comme le complot de la communauté internationale, certains soutiens de Jean Ping, comme Paul-Marie Ngondjout, secrétaire exécutif adjoint de l’Union nationale (UN), ne proposent plus d’autre solution que celle du «ni ni». En effet, lors d’une conférence de presse donnée fin juillet dernier à Libreville, Paul-Marie Ngondjout a déclaré : «(…) s’ils ne veulent pas de Jean Ping comme président de la République, nous ne voudrons pas d’Ali Bongo l’usurpateur à la tête de l’Etat, et si cela devait perdurer, ce serait alors ni l’un ni l’autre». Le cadre de l’UN propose même l’organisation d’une élection présidentielle à laquelle ni Jean Ping ni son rival, Ali Bongo, ne prendront part. Unique voie selon lui pour sortir le pays de la crise post-électorale. Ceux qui semblent avoir pris la mesure du fait accompli comme Guy Nzouba Ndama, le président de «Les Démocrates», eux, s’éclipsent déjà peu à peu, le regard tourné vers les législatives d’avril prochain.

C’est dire que l’offensive diplomatique de Jean Ping, si elle vise l’éviction d’Ali Bongo,  se heurte de plus en plus à des voix contraires internes, qui pensent avoir été larguées, près d’un an après par la communauté internationale, alors que la situation s’enlise. 

 

Yannick Franz IGOHO    

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