Enquête sur le « clan Bongo » . Le reportage de France 2 affole le pouvoir gabonais

Après la diffusion le 6 juillet dernier sur la chaîne de télévision France 2, d’un reportage intitulé «Le clan Bongo : une histoire française», consacré à Ali Bongo Ondimba, la France est accusée de comploter contre les autorités du Gabon pour leur politique de diversification des partenariats économiques. En oubliant totalement que des journalistes français d’investigation peuvent être indépendants.

Après la diffusion le 6 juillet dernier sur la chaîne de télévision France 2, d’un reportage intitulé «Le clan Bongo : une histoire française», consacré à Ali Bongo Ondimba, la France  est accusée de comploter contre les autorités du Gabon pour leur politique de diversification des partenariats économiques. En oubliant totalement que des journalistes français d’investigation peuvent être indépendants.

Le documentaire de France 2 révèle que le Chef de l’Etat gabonais, alors élève en France dans les années 1960, n’avait pu obtenir son baccalauréat que grâce à un coup de fil de son père à l’Elysée. Pire, ses anciens camarades de classe et ses enseignants le dépeignent comme un élève très moyen et bavard. Un élève plus inspiré par son don pour la musique que par les études. Mais c’est l’un des derniers survivants de la Françafrique, l’avocat franco-libanais, Robert Bourgi, «l’homme des mallettes» entre Libreville et Paris, qui enfonce le clou dans cette peinture noire du locataire du bord de mer, en le présentant comme « un mauvais ». Et le reportage se termine sur une interrogation subversivement indirecte du journaliste, qui se demande si Ali Bongo ira jusqu’au bout de son mandat, après avoir clairement indiqué que c’est Jean Ping qui avait gagné la présidentielle d’août 2016. 

Gouvernement : « Un document à charge »

Sans surprise, et comme il fallait s’y attendre, les partisans du pouvoir ne décolèrent pas. C’est le cas du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Alain Claude Bilie By-Nze, qui dénonce un « document uniquement à charge ». Car, selon lui, pour n’avoir donné la parole qu’aux seuls intervenants qui témoignent tous contre Ali Bongo, le reportage de France 2 manque de neutralité pourtant si chère à la notion même du journalisme. Pour le ministre, l’intention des journalistes de France 2 est donc claire : nuire à l’image du président gabonais.

En guise de riposte, et comme pour témoigner de leur fidélité au Chef de l’Etat, les amis et partisans d’Ali Bongo sont allés l’accueillir  à l’aéroport international Léon Mba,  alors qu’il rentrait d’un voyage à Cuba, quelques jours seulement après la diffusion de l’enquête. Mais dans la mêlée de la mobilisation, certains n’ont pas hésité à présenter Emmanuel Macron, le président français comme la main noire agissant dans l’ombre pour dégager Ali du pouvoir. Car pour eux, il est désormais une méthode connue des Français, de vouloir à tout prix punir Ali Bongo, chaque fois qu’il tente de diversifier les partenaires économiques du Gabon. Comme si les journalistes français prenaient leurs ordres  de mission à l’Elysée.

La communication présidentielle en cause

En l’absence de réactions choc de l’opposition qui estime que le document de France 2 ne révèle rien de nouveau que les Gabonais ne sachent déjà, c’est plutôt le pouvoir qui se déchire. Si certains dans les rangs du palais accusent la France d’être derrière la manœuvre, d’autres, au contraire, estiment qu’Ali Bongo a été livré par les siens. Surtout ceux qui sont chargés de la communication présidentielle, et qui auraient ouvert grandement les portes du palais aux journalistes français, alors qu’ils auraient dû exiger de l’équipe de France 2, un protocole d’interview, avec signature d’un contrat. Lequel contrat aurait permis à l’équipe de la communication du président d’assister aussi bien au tournage qu’au montage du document avant sa publication. En réalité, on voit mal une équipe de télévision française accepter ce genre de contrat. 

D’autres encore accusent même l’avocate française  d’Ali Bongo, Claude Dumont Beghi, qui aurait insisté auprès de son client pour qu’il accepte l’interview. Le président avait d’ailleurs convoyé au volant de sa propre voiture les deux intervieweurs. Pour ces failles dans la communication du palais, des têtes devraient tomber, estiment-ils.

Même si la tempête soulevée par le document de France 2 semble déjà passée, c’est un reportage qui affaiblit davantage un président dont l’image peine à se démarquer de sa réélection contestée à la présidentielle de 2016. Et c’est peut-être pour cela qu’il a été fustigé comme un « reportage uniquement à charge ».  

 

Doriane MOUSSOUNDA

 

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