Le message a été livré le 15 avril dernier, à l’occasion d’une manifestation politique baptisée de « méga meeting », organisée par la Coalition pour la nouvelle république à l’esplanade du collège Ntchorere de Libreville. Comme d’habitude, Jean Ping, ancien candidat d’un regroupement de l’opposition à la dernière élection présidentielle, a enjoint son rival, Ali Bongo Ondimba, de quitter sans délai le « pouvoir avant qu’il ne soit trop tard ». Un ultimatum qui visiblement ne semble pas effrayer le pouvoir, qui y voit une grosse plaisanterie.
Le message a été livré le 15 avril dernier, à l’occasion d’une manifestation politique baptisée de « méga meeting », organisée par la Coalition pour la nouvelle république à l’esplanade du collège Ntchorere de Libreville. Comme d’habitude, Jean Ping, ancien candidat d’un regroupement de l’opposition à la dernière élection présidentielle, a enjoint son rival, Ali Bongo Ondimba, de quitter sans délai le « pouvoir avant qu’il ne soit trop tard ». Un ultimatum qui visiblement ne semble pas effrayer le pouvoir, qui y voit une grosse plaisanterie.
Prendre le pouvoir par la force, ou du moins reprendre par la force le fauteuil qui lui a été confisqué. C’est en substance le message délivré par Jean Ping à des milliers de ses partisans lors d’un meeting géant, organisé en sa faveur par ses amis de la Coalition pour la nouvelle république. Une coalition des partis politiques de l’opposition, mais aussi de quelques personnalités politiques connues. Il s’agit pour l’essentiel d’anciens apparatchiks du régime Bongo, qui ont déserté le Parti démocratique gabonais au pouvoir ces sept dernières années en signe de protestation contre la gestion d’Ali Bongo Ondimba. Selon les organisateurs, le meeting aurait mobilisé plus de 20.000 personnes. De quoi ragaillardir Jean Ping, qui a sommé directement son adversaire, Ali Bongo, de quitter immédiatement le pouvoir avant qu’il ne soit trop tard.
Au moment où se tient depuis fin mars dernier le dialogue politique convoqué par l’actuel Chef de l’Etat, Ali Bongo, l’événement avait pour objectif de faire une démonstration de force de l’opposition réunie autour de l’ancien président de la commission de l’Union africaine. Attendu que cette table-ronde est boycottée par le désormais principal opposant à Ali Bongo, l’événement avait aussi pour autre objectif de sensibiliser les maillons faibles de la coalition contre toute tentation de se laisser happer par le dialogue du pouvoir qu’il qualifie de « bal des vampires ». Sensibilisation toute trouvée à l’heure où certains cadres de l’Union nationale, un des partis de ladite coalition, rallient les uns après les autres la table de négociation du pouvoir, estimant que la politique de la chaise vide n’a jamais réussi à ses promoteurs. Pour Jean Ping, qui continue de le marteler à chaque sortie, Ali Bongo s’étant imposé par la force, son pouvoir est donc illégitime. C’est pourquoi il veut reprendre ce pouvoir, pour respecter la « victoire du peuple », selon lui.
Le pouvoir : « une opération de com »
Si Jean Ping assure qu’il prendra bientôt le pouvoir, dans les rangs de la majorité, les objurgations de l’opposant ne semblent pas inquiéter outre mesure. Elles sont au contraire accueillies comme une plaisanterie de l’opposant habitué aux coups d’éclats. Tant cette promesse, Jean Ping n’a fait que la ressasser depuis le terme de l’élection de l’année dernière sans résultat palpable.
C’est l’avis de Faustin Boukoubi, le Secrétaire général du PDG, parti au pouvoir, qui lui, assure qu’Ali Bongo est bel et bien le président du Gabon, et que cela, dit-il, a été reconnu par les communautés nationale et internationale. Les menaces de Jean Ping dans ce cas ne relèvent, selon Boukoubi que d’une simple opération de communication destinée à créer un faux espoir auprès de ses troupes. Interrogé lui aussi sur la question lors d’une conférence de presse, l’actuel ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Alain Claude Billie By-Nze, avait déjà, lui aussi répondu : « Si Jean Ping veut devenir président, alors qu’il prête serment et qu’il devienne président ». Non sans ajouter qu’Ali Bongo était bien le président élu du Gabon et que cela était reconnu par toutes les institutions du pays.
Les chances mitigées
Même si Jean Ping fait feu de tout bois pour prendre le pouvoir, les avis des Gabonais restent partagés quant aux chances de réussite de cet activisme acharné. Si les uns, notamment certains militants de l’opposition, estiment que l’homme en raison de sa riche carrière internationale pourrait, le moment venu, renverser Ali Bongo, et prendre le pouvoir, les autres, faisant preuve de réalisme, ne croient plus en ses chances d’y parvenir. Car disent-ils, Ali Bongo disposant de toutes les mannettes du pouvoir, l’armée comprise, les marges de manœuvre de l’opposant restent limitées pour pouvoir renverser la vapeur, neuf mois après l’élection présidentielle d’août 2016. Surtout dans un contexte marqué par le silence assourdissant de la communauté internationale, qui semble s’accommoder du fait accompli.
Raïssa MOUBECKA