Résultats de la Présidentielle gabonaise. Les Eurodéputés préconisent des sanctions ciblées

La résolution adoptée début février à Strasbourg en France par le parlement européen contre le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba, est une boule de neige venue encore agiter la classe politique gabonaise. Elle préconise des sanctions ciblées contre le gouvernement d’Ali Bongo et ses soutiens. Jean Ping applaudit cette façon de punir son rival, Ali Bongo, pour dit-il, son « coup d’Etat militaro-électoral ». Du côté du palais présidentiel, on critique l’arrogance néocolonialiste des Eurodéputés, s’arrogeant le droit de tutelle morale sur les Etats africains.

La résolution adoptée début février à Strasbourg en France par le parlement européen contre le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba, est une boule de neige venue encore agiter la classe politique gabonaise. Elle préconise des sanctions ciblées contre le gouvernement d’Ali Bongo et ses soutiens. Jean Ping applaudit cette façon de punir son rival, Ali Bongo, pour dit-il, son « coup d’Etat militaro-électoral ». Du côté du palais présidentiel, on critique l’arrogance néocolonialiste des Eurodéputés, s’arrogeant le droit de tutelle morale sur les Etats africains.

C’est une victoire, du moins symbolique pour le camp de Jean Ping, qui revendique sa victoire à l’élection présidentielle du 27 août dernier. Depuis qu’il a été débouté par les institutions intervenant dans le processus électoral, notamment la Commission électorale et la Cour constitutionnelle, l’ancien président de la Commission de l’Union Africaine, est vent debout contre l’intronisation de son rival, Ali Bongo Ondimba. Il a alors entrepris des démarches auprès des institutions internationales, et spécialement en Europe et aux Etats Unis, afin d’obtenir une série de sanctions ciblées, pouvant mettre en difficulté l’actuel pouvoir du Gabon, et le contraindre à la démission. Ce qui rendrait, selon Ping, « son vote au peuple et l’installer au pouvoir, lui le vrai vainqueur du scrutin ».

Interdiction de séjour, gel des avoirs…

La première marche de cet objectif vient d’être franchie avec cette résolution des députés européens, qui n’ont pas ravalé leur colère contre les violations des droits de l’homme par le régime de Bongo, lors de la crise postélectorale de 2016. Pour les Eurodéputés, il est clair que les résultats de la présidentielle gabonaise « manquaient de transparence », avec des « résultats extrêmement douteux ». Ce qui, selon eux, remet automatiquement en cause la légitimité du président Ali Bongo. Ils demandent alors au Conseil européen, organe supérieur de l’Union européenne de prendre des sanctions ciblées contre Ali Bongo et tous ceux de ses proches ayant participé à l’organisation desdites violations de droits de l’homme. Mais aussi à la falsification des résultats de la présidentielle à l’origine de cette crise. Entre autres sanctions préconisées, les Eurodéputés militent pour une interdiction de séjour dans l’espace Schengen ; le gel des avoirs comprenant les comptes bancaires, les biens mobiliers et immobiliers ; l’interdiction de survol aérien pour les personnes ciblées par ces sanctions ; la suppression de l’aide au développement de l’Union européenne ; l’arrêt de toute forme de coopération avec le Gabon. Une panoplie de sanctions qui pour être appliquées devront d’abord passer par le Conseil européen, qui, lui, décidera de les adopter ou non.

Jean Ping « très confiant »

Pour Jean Ping, qui loue le geste des Eurodéputés, il s’agit d’une première victoire dans sa logique de tenir la dragée haute à son adversaire. « Je suis très confiant. Nous avons toujours été patients avec la communauté internationale. Et nous avons toujours demandé des sanctions ciblées », a dit l’ancien candidat de l’opposition à la dernière présidentielle.

Non sans promettre qu’il fera tout pour défier le pouvoir, afin de rétablir la volonté des citoyens en entreprenant un rapport de force sur le terrain. « Nous prendrons toutes les dispositions pour faire respecter la volonté du peuple », a-t-il martelé.

Le gouvernement énervé

La réponse du gouvernement ne s’est pas fait attendre. Lors de sa traditionnelle conférence de presse, le Ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Alain Claude Billie By-Nze, n’a pas caché l’énervement du pouvoir, face à l’attitude des parlementaires européens qu’il qualifie d’ « acharnement sans précédent ». « Le gouvernement de la république tient à rappeler que les députés européens ne sont pas élus par les populations gabonaises. Et que de ce point de vue, rien ne leur donne le droit de dire qui est démocrate et qui ne l’est pas. Rien ne leur donne le droit non plus de distribuer les bons points aux peuples africains. Sauf à considérer que du seul fait d’être Européens, ils exerceraient une sorte d’ascendance morale sur les peuples du monde entier ». Ainsi s’est indigné Billie By-Nze, avant de signer :

« Nous réfutons ce comportement que rien ne justifie ».

Un impact minime sur le pays Pour le Ministre de la communication, qui n’a pas manqué de faire un examen comparatif des aides apportées par l’Union européenne sur le continent africain, le Gabon ne reçoit que la part congrue de ladite aide. Soit 8 milliards de FCFA seulement du fond européen de développement contre 403 milliards pour le Mali, 228 pour le Sénégal, 179 pour la Côte d’Ivoire, 185 pour le Cameroun et 67 pour le Congo Brazzaville. Une façon pour le Ministre de minimiser l’impact que pourrait avoir l’aide européenne sur le pays, et de signifier indirectement que de toute façon, le pays n’en pâtirait pas outre mesure, si celle-ci venait à être supprimée telle que l’exige le parlement européen.

C’est pourquoi, a précisé le porte-parole du gouvernement, « au regard de cet examen comparatif, qui montre que le Gabon ne reçoit que la part congrue de l’aide au développement, nous allons examiner les suites à donner à une coopération au nom de laquelle, certains voudraient s’arroger le droit d’attribuer les bons points et les certificats de démocratie ». Une menace à peine voilée du gouvernement gabonais à l’endroit des parlementaires européens, qui l’ont enjoint à organiser un dialogue intensif sous peine de sanctions. Occasion aussi pour Billie By-Nze de railler Jean Ping, qui a très vite salué la démarche des parlementaires européens. « Que certains essaient de transformer cette résolution européenne en une victoire est simplement la manifestation, et la preuve que lorsqu’on se noie, on est prêt à s’agripper même aux ronces », a ironisé Billie By-Nze.

Le sénat « une ingérence inacceptable »

Le Sénat gabonais soutient le gouvernement et réagit en sa qualité de membre de l’ACP-UE, qui lie les pays africains à l’Union européenne. A en croire la chambre haute du parlement, qui a appelé le peuple gabonais à la vigilance, il s’agit là d’une ingérence inacceptable des Eurodéputés, dont le seul but est la déstabilisation du pouvoir de Libreville. Alors que le Conseil européen est appelé à voter pour ou contre les sanctions à prendre à l’encontre du régime Bongo, la résolution des Eurodéputés vient encore raviver un conflit postélectoral permanent, et rythmé par des rebondissements. Ce qui pourrait d’ailleurs rendre incertaines les chances d’aboutissement du dialogue politique intensif entre les deux chapelles, comme le recommande le parlement européen.

Charles Nestor NKANY

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