Les dessous de la décision gouvernementale

Prévues pour se tenir en décembre courant, c’est finalement en juillet 2017 prochain que se tiendront les élections législatives gabonaises. Un report officiellement consécutif à l’insuffisance des moyens financiers affectés à la commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP), si on en croit l’annonce faite par le Ministre de l’intérieur, Lambert Noël Matha. La cour constitutionnelle a prolongé le mandat de l’actuelle législature jusqu’à la tenue d’un nouveau scrutin

Prévues pour se tenir en décembre courant, c’est finalement en juillet 2017 prochain que se tiendront les élections législatives gabonaises. Un report officiellement consécutif à l’insuffisance des moyens financiers affectés à la commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP), si on en croit l’annonce faite par le Ministre de l’intérieur, Lambert Noël Matha. La cour constitutionnelle a prolongé le mandat de l’actuelle législature jusqu’à la tenue d’un nouveau scrutin

Selon le communiqué officiel lu par le Ministre de l’intérieur, Lambert Noël Matha, ce report est motivé par une requête adressée au Premier ministre, Franck Emmanuel Issoze-Ngondet, par le président de la commission électorale nationale autonome et permanente, René Aboghe Ella. Une requête dans laquelle le président de l’organe chargé des élections informe le chef du gouvernement de l’impossibilité pour la CENAP d’organiser ces élections dans les termes prévus par la loi, c’est-à-dire en décembre 2016, « en raison de l’insuffisance des dotations financières prévues à cet effet ». Ce qui a amené le Premier ministre à saisir à son tour la cour constitutionnelle, afin de solliciter le report du scrutin. Sans barguigner, la cour a jugé que les moyens invoqués constituent bel et bien un cas de force majeure justifiant le report des élections.

Conséquence : la cour a donc décidé du report du scrutin en laissant au gouvernement jusqu’au 29 juillet prochain pour l’organisation desdites élections. Non sans proroger le mandat actuel des députés qui devront rester en poste jusqu’à l’élection de la prochaine législature.

« Une décision antidémocratique » pour Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, le porte-parole de Jean Ping, ancien candidat de l’opposition au dernier scrutin présidentiel. Pour Ntoutoume Ayi, cette décision de la cour constitutionnelle n’a d’autre fin que celle de favoriser Ali Bongo Ondimba, qui cherche à disposer de tous les leviers du pouvoir, afin de gouverner sans aucun contrôle. Pour Bruno Ben Moubamba, Vice-premier Ministre en charge de l’urbanisme, et par ailleurs président de l’Alliance nouvelle de l’opposition, un groupement de partis politiques de l’opposition proches d’Ali Bongo, « la cour constitutionnelle a eu raison de prononcer ce report d’autant plus que nous sortons d’une élection présidentielle. Nous avons donc là tout le temps de faire le dialogue national appelé de ses voeux par le Président de la République. Ce dialogue national permettra (…) une élection législative qui soit apaisée et permette d’inaugurer un nouveau cycle politique au Gabon ».

Les non-dits du report

La décision du report de la cour constitutionnelle ne surprend pas vraiment grand monde. Car depuis le terme de la dernière présidentielle, avec tout ce qu’elle a livré comme violences postélectorales, certaines voix se levaient pour surseoir à l’organisation des législatives dans les délais requis tant que le climat politique n’avait pas encore été pacifié. Mieux encore, les acteurs politiques n’étaient pas tous d’accord sur la tenue même de cette échéance. Dans les deux camps, majorité comme opposition, certains ont même pris publiquement position contre l’organisation immédiate de ce scrutin. C’est le cas par exemple du porte-parole de la majorité, Guy Christian Mavioga, qui estimait pour sa part que le pays n’étant pas encore sorti de la crise née de la dernière présidentielle, aller aux élections législatives dans un tel climat de tensions extrêmes, c’était prendre le risque de raviver les plaies encore béantes des violences postélectorales d’août dernier. Il fallait donc attendre que se tienne préalablement le dialogue politique national pour que soit assaini tout l’environnement électoral, avec la refonte totale du code électoral, l’objectif étant d’éviter le scénario postélectoral du 31 août dernier.

Autre non-dit, la coupe d’Afrique (CAN TOTAL 2017) des nations étant prévue pour janvier, organiser les législatives en décembre aurait occasionné d’autres contestations allant jusqu’à perturber le bon déroulement de la compétition. Ce qui aurait constitué un échec pour les autorités qui tiennent coûte-que-coûte à ce que la CAN soit une vraie réussite après avoir donné des assurances à la Confédération africaine de football (CAF). Un événement déjà menacé de troubles, au regard de la pétition qu’ont fait signer dernièrement certaines organisations de la société civile et autres opposants à Ali Bongo, qui promettent de troubler la fête.

Toutes ces raisons réunies, on comprend aisément que ce report des législatives n’est pas uniquement inspiré par la faiblesse des moyens financiers comme le dit le gouvernement.

Charles Nestor Nkany

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