En validant le 25 juillet la candidature d’Ali Bongo Ondimba à l’élection présidentielle du 27 août, la Cour Constitutionnelle n’a pas voulu s’interposer dans un processus aux conséquences incertaines tant elle suscite un débat qu’aucune institution ne veut régler de façon définitive. De ce fait, elle déclare « irrecevable » les recours introduits auprès d’elle par les candidats Guy Nzoumba Ndama, Jean Ping et Pierre Claver Maganga Moussavou. La haute juridiction a poussé dans l’arène tous les candidats pour un scrutin à un tour dont l’issue reste incertaine. Pour mettre toutes les chances du côté de l’opposition, Guy Nzouba Ndama, Casimir Oye Mba et Léon Paul Ngoulakia, tous candidats à la prochaine élection présidentielle, se sont ralliés à Jean Ping comme « candidat de l’opposition ». Car le nombre élevé de candidats émiette l’électorat favorable à l’opposition.
En validant le 25 juillet la candidature d’Ali Bongo Ondimba à l’élection présidentielle du 27 août, la Cour Constitutionnelle n’a pas voulu s’interposer dans un processus aux conséquences incertaines tant elle suscite un débat qu’aucune institution ne veut régler de façon définitive. De ce fait, elle déclare « irrecevable » les recours introduits auprès d’elle par les candidats Guy Nzoumba Ndama, Jean Ping et Pierre Claver Maganga Moussavou. La haute juridiction a poussé dans l’arène tous les candidats pour un scrutin à un tour dont l’issue reste incertaine. Pour mettre toutes les chances du côté de l’opposition, Guy Nzouba Ndama, Casimir Oye Mba et Léon Paul Ngoulakia, tous candidats à la prochaine élection présidentielle, se sont ralliés à Jean Ping comme « candidat de l’opposition ». Car le nombre élevé de candidats émiette l’électorat favorable à l’opposition.
La Constitution gabonaise modifiée en 2003 dispose dans un de ses articles que toutes les élections politiques se déroulent en un seul tour. Le président de la République est élu pour un mandat de 7 ans. La pléthore de candidats de l’opposition et de la société civile face à Ali Bongo Ondimba qui dispose encore de la « machine électorale » du Parti démocratique gabonais (PDG-au pouvoir) bien que grippée et fragilisée par plusieurs démissions de ses membres, et non des moindres,-avec la création d’une aile dissidente, appelée « Héritage et Modernité », ferait sous toutes réserves le lit d’une probable victoire du candidat Ali Bongo Ondimba.
Dispersée, l’opposition gabonaise pensait que la Cour constitutionnelle allait lire le droit à son avantage pour mettre hors de course le président sortant, qualifié par elle, de budgétivore ou encore de diriger le pays sans partage. Aussi, focalisée depuis plusieurs semaines sur la disqualification d’Ali Bongo Ondimba à l’élection présidentielle à la suite de la présentation « d’actes de naissances douteux » , l’opposition a laissé au président sortant la latitude d’occuper le terrain politique et de galvaniser ses troupes à quelques semaines d’un enjeu important qui permettrait , si le scrutin est transparent, de redessiner la carte politique du pays.
Introduction du multipartisme
Cette recomposition du paysage politique tant attendue des populations aiderait à connaître alors le poids réel de chaque candidat sur l’échiquier politique national. Toutefois, du côté de l’opposition, Jean Ping avait occupé le terrain depuis près de deux ans. L’ancien président de la Commission de l’Union africaine, très déterminé, reste le candidat le plus redoutable de l’opposition face à Ali Bongo Ondimba, selon la classe politique gabonaise.
La Gabon a introduit le multipartisme en 1990 avec une élection à deux tours et au cours de ses années au pouvoir, feu Omar Bongo Ondimba avait toujours remporté la présidentielle au premier tour grâce au truchement habile de l’électorat dans les villes petites ou moyennes qui étaient toujours acquis à sa cause. Cette alchimie ne pouvant résister à la montée en puissance des leaders de l’opposition, le chef de l’Etat modifia la Constitution en 2003 afin d’asseoir une élection à un tour qui selon les autorités, auraient pour but de réduire les fortes dépenses liées aux élections. Mais en réalité, cette modification ne permettrait pas aux candidats de l’opposition de créer des alliances au second tour pour remporter l’élection présidentielle.
Si le principe de l’élection au suffrage universel fait aujourd’hui l’unanimité dans les démocraties représentatives, il n’en va pas de même pour le choix du mode de scrutin. Ce dernier apparaît comme un savant mélange où interviennent notamment l’histoire politique nationale, les besoins de représentativité au sénat ou à l’Assemblée Nationale. L’expérience des scrutins majoritaires qui consiste à attribuer un siège (scrutin uninominal) ou plusieurs sièges (scrutin plurinominal) à celui ou ceux qui ont obtenu le plus de voix, n’a pas encore fait école au Gabon.
Exigence du retour au scrutin à deux tours
Par contre, dans le scrutin uninominal à un tour celui qui obtient le plus de voix remporte l’élection présidentielle quel que soit le pourcentage de voix obtenu. Cela a l’avantage de la simplicité mais aussi la source de nombreuses contestations dans l’expérience gabonaise. Dans le scrutin uninominal à deux tours, la réussite au premier tour est conditionnée par l’obtention d’une majorité absolue des voix, avec parfois l’obligation de réunir un nombre minimal d’électeurs inscrits. Faute d’avoir atteint ce seuil, un second tour est organisé. Son accès est réglementé : les deux candidats les mieux placés au premier tour ; nombre minimum de voix ou pourcentage des inscrits. Cette revendication de l’organisation du scrutin à deux tours est aujourd’hui perçue comme une exigence, non seulement des responsables politiques, mais aussi d’une bonne partie des observateurs. Par rapport au scrutin à un tour, la possibilité de conclure des alliances pour le second tour lisse les distorsions : les petits partis peuvent s’entendre avec d’autres pour obtenir des élus là où ils sont forts, en échange d’un report de voix ailleurs.
Quels sont les avantages et les inconvénients du scrutin majoritaire à un tour
Les débats autour des modes de scrutin s’expliquent souvent par la difficulté de concilier plusieurs buts et par des contingences politiques. Au Gabon, les leaders politiques, notamment de l’opposition, souhaitent le rétablissement du scrutin à deux tours. Pour les proportionnalistes, un système électoral doit donner une image fidèle de la situation politique et du corps électoral ; pour les majoritaires, il vise à désigner une majorité d’élus capable de gouverner. Le scrutin majoritaire à un tour favorise, lui, les alternances, mais entre seulement deux partis. Le scrutin majoritaire à deux tours, dispose de la souplesse de l’alternance et incite plus de partis à conclure des alliances pour le second tour. La population gabonaise est de 1,8 million d’habitants pour exactement 628 124 électeurs. Le dernier scrutin présidentiel avait eu lieu le 30 août 2009 avec un taux de participation de 44%, selon la Commission Électorale Nationale Autonome et Permanente (CENAP), principale institution chargée d’administrer les élections du Gabon.
Annick-Brigitte BOUMA
(Encadré)
Le 15 juillet 2016, la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP) a publié la liste officielle de quatorze candidats à l’élection présidentielle d’août 2016. Après le désistement de Guy Nzouba Ndama, Casimir Oye Mba et Léon Paul Ngoulakia, et sous réserve d’autres éventuelles défections, voici la liste des candidats partants :
1- Ali Bongo Ondimba, 57 ans, candidat du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir)
2- Jean Ping, 73 ans, candidat indépendant. Il est soutenu par la coalition de l’opposition dénommée Front uni de l’opposition pour l’alternance (FUOPA).
3- Paul Mba Abessole, ancien candidat à l’élection présidentielle de 1993 et de 1998. Il est le président du Rassemblement pour le Gabon (RPG),
4. Pierre Claver Maganga Moussavou, président du Parti social-démocrate (PSD). Né le 8 avril 1952. Il a brigué le fauteuil présidentiel à trois reprises (1993, 1998 et 2009).
5. Raymond Ndong Sima, 61 ans, ancien Premier ministre sous l’actuel président gabonais Ali Bongo Ondimba de février 2012 à janvier 2014. Indépendant, il se présente comme le candidat de la rupture contre l’ordre constitutionnel actuel.
6. Augustin Moussavou King, ancien candidat à l’élection présidentielle de 2005. Président du Parti social Gabonais
7. Dieudonné Milama Mintogo, 48 ans, se présente comme le candidat de la société civile pour faire l’interposition entre l’opposition et le pouvoir.
8- Bruno Ben Moubamba : ancien candidat à l’élection de 2009, né le 4 janvier 1967 à Libreville
9- Gérard Elaa Nguema : candidat de l’UN, tendance AMO
10. Abel Mboumbe Nzondou, 46 ans, agent municipal sans parti politique
11- Roland Désiré Aba’a Minko