Durant la première période d’observation (1er mars – 20 avril), les médias tous bords confondus ont couvert les activités politiques en violant le principe d’impartialité.
Durant la première période d’observation (1er mars – 20 avril), les médias tous bords confondus ont couvert les activités politiques en violant le principe d’impartialité.
1.MEDIAS A CAPITAUX PUBLICS : Gabon Television et Radio Gabon
La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples signée et ratifiée par le Gabon stipule que « Toute personne a le droit d’user des biens et services publics dans la stricte égalité de tous devant la loi». En violation de cet engagement, ainsi que des autres textes internationaux ci-dessus évoqués, les médias à capitaux publics ont consacré l’essentiel de leur espace politique aux informations favorables au PDG, parti au pouvoir, et à son candidat déclaré Ali Bongo Ondimba. Ainsi, sur 154 mn (2h 34 mn) d’informations politiques diffusées par Gabon Television durant la période d’observation, 89% ont été consacrés au PDG ou à son candidat, dont 81% de ce temps pour des informations favorables et aucun élément défavorable. Seulement 11% du temps sont revenus à l’ensemble des autres partis et candidats, et pour diffuser des informations qui leur sont pour la plupart défavorables. Les sources d’information de Gabon Télévision traduisent également sa partialité puisqu’elles proviennent à 71% de la majorité présidentielle. Le niveau moyen du déséquilibre mesuré sur une échelle de 0 (équilibre parfait) à 10 (déséquilibre parfait) donne 5,6 contre 3,8 pour la chaîne privée TV+, dont le déséquilibre est moins marqué que dans la chaîne à capitaux publics.
La même tendance, en pire, est observée à Radio Gabon. Celle-ci a consacré 102 mn sur 122 (84% du temps) aux informations neutres ou favorables au PDG, sans aucun élément qui lui est défavorable. Le peu de temps restant a servi à diffuser les informations pour la plupart défavorables aux partis et candidats de l’opposition. Les informations de cette radio ne reflètent pas la diversité du paysage politique national puisqu’elles proviennent à 77% de la majorité au pouvoir. Son niveau moyen de déséquilibre est de 6,7 soit le pire des résultats de cette période d’observation.
2.TELEVISIONS PRIVEES
Les télévisions privées ne respectent pas non plus le principe d’impartialité contenu dans la Déclaration de l’OUA/UA sur les principes régissant les élections démocratiques en Afrique. C’est le cas de TéléAfrica qui a consacré 102 mn sur 112, soit 91% d’informations politiques, aux informations sur le PDG, presque toutes favorables. Les sources de ces informations sont à 82% de la majorité. D’où un énorme déséquilibre moyen de 6,7 , le pire des résultats.
La chaîne de télé privée RTN a couvert l’actualité politique avec également un déséquilibre, mais en faveur de l’opposition. Elle a en effet consacré 29 mn sur 55 au Front Uni/Jean Ping , soit 54% du temps, contre 13 mn au PDG (24%). Ses informations proviennent à 71% de l’opposition. Son niveau moyen de déséquilibre est de 4,9 , soit un déséquilibre moindre par rapport à la chaîne à capitaux publics.
TV+ , chaîne privée, a également une couverture déséquilibrée de l’actualité politique. Mais ici, le déséquilibre est moins accentué. Sur ses 79 mn d’informations politiques, aucun parti politique ou candidat n’a eu droit à lui seul à la moitié du temps, contrairement aux autres chaînes. Ce qui lui donne un niveau moyen de déséquilibre de 3,8 , le meilleur score des chaînes observées.
3.PRESSE ECRITE
La presse écrite est à l’image des organes audiovisuels : manque d’équité, non respect de l’équilibre, et absence d’impartialité. Toutes ces lacunes s’expliquent par le parti-pris des uns pour le parti au pouvoir, des autres pour les partis d’opposition et autres candidats indépendants.
En tête des journaux observés qui violent le moins le principe d’équilibre et d’impartialité, se trouve le quotidien L’Union. Sur 43,7 pages d’informations politiques, L’Union a consacré 34,1 pages soit 78% pour diffuser des informations essentiellement favorables au PDG. Malgré leur envergure, l’Union nationale n’a eu droit qu’à 4 pages (9%), Jean Ping et ses soutiens à 2 ,6 pages (6%). Ses sources sont à 75% de la majorité présidentielle contre 25% de l’opposition. Les statistiques donnent un niveau moyen de déséquilibre de 5,2. C’est le meilleur score de la presse écrite observée.
En deuxième position vient NKU’U Le Messager, qui n’a pas consacré plus de la moitié de son espace politique à un parti. Le plus grand espace, en l’occurrence 12 de ses 24,4 pages d’informations politiques soit 49%, est revenu aux informations pour la plupart défavorables au PDG. Avec 6,6 pages (27%) d’informations essentiellement favorables au Front Uni, 7% pour l’Union nationale, et des sources à 81% de l’opposition, NKU’U Le Messager a un déséquilibre moyen de 5,4.
Vient ensuite La Loupe, qui a consacré 5,6 sur 12,8 pages soit 44% aux informations défavorables au PDG contre 1,4 page (11%) pour des informations favorables au Front Uni, et 39% pour les autres courants. Ses sources sont à 88% de l’opposition. Son niveau de déséquilibre moyen est de 5,5.
A la suite, l’hebdomadaire L’Aube a consacré 39,4 pages de ses 43,9 pages politiques, soit 90%, aux informations essentiellement défavorables au PDG. Ses sources sont à 82% de l’opposition. Son niveau moyen de déséquilibre est de 6,6.
Enfin, Echos du Nord est le plus déséquilibré des journaux observés. Sur 47,7 pages d’informations politiques, 34,7 pages, soit 73%, ont servi à diffuser des informations toutes défavorables au PDG , tandis que 7,1 pages (15%) ont servi à relayer des informations pour la plupart favorables à l’Union Nationale. Ses sources sont à 96% de l’opposition. Ce qui donne un niveau de déséquilibre moyen de 7,2 .
Fait à Libreville, le 25 mai 2016
Le coordinateur général
Etienne TASSE
Le coordinateur délégué
Antoine LAWSON