L’Observatoire de la couverture médiatique des élections Gabon 2016 a publié son premier rapport. Il en ressort que les médias gabonais tous bords confondus ont couvert les activités politiques avec impartialité. Les médias publics et les plus influents médias privés étant plutôt favorables au parti au pouvoir.
L’Observatoire de la couverture médiatique des élections Gabon 2016 a publié son premier rapport. Il en ressort que les médias gabonais tous bords confondus ont couvert les activités politiques avec impartialité. Les médias publics et les plus influents médias privés étant plutôt favorables au parti au pouvoir.
Introduction générale
Suivant la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance signée par le Gabon en février 2010, mais non encore ratifiée, l’Etat gabonais s’est engagé à œuvrer pour un accès équitable aux médias d’État de tous les candidats et partis politiques. Dans la même lancée, la Déclaration de l’OUA/UA sur les principes régissant les élections démocratiques en Afrique (2002) prescrit le respect de l’impartialité dans la couverture du processus électoral.
L’Observatoire de la couverture médiatique des élections gabonaises de 2016 (OCME-Gabon 2016) mis en œuvre en février 2016 fonde ses observations sur le respect de ces dispositions. L’Observatoire veille plus particulièrement sur l’équilibre des informations (informations favorables / informations défavorables), l’équité dans la répartition du temps d’antenne (radio et TV) ou des espaces (presse écrite), la pluralité des sources d’informations (majorité /opposition). Il vise à sensibiliser les médias gabonais à diffuser des informations justes et équilibrées sur les candidats, les programmes, le processus électoral, et les enjeux du scrutin, condition nécessaire pour un vote éclairé.
L’OCME-Gabon 2016 est une structure indépendante créée dans le cadre d’un projet de renforcement des médias financé par l’Union européenne, mis en œuvre par JADE (Journalistes en Afrique pour le développement) et son partenaire local l’AJAPE (Association gabonaise des journalistes agenciers de presse écrite et audiovisuelle). Des rapports d’observation périodiques seront produits à différentes étapes du processus électoral et largement diffusés : pré-campapne, campagne, résultat, élections législatives, période post-électorale. Chaque rapport comprendra trois parties : des observations générales d’ordre qualitatif, des observations spécifiques quantitatives et, en annexes, des analyses détaillées par organe de presse.
I, Observations générales
Pour une élection véritablement démocratique, la couverture médiatique doit être loyale, équitable et impartiale, afin que les électeurs puissent être informés de toute la panoplie des programmes politiques proposés. C’est dans cet esprit que la Déclaration de l’OUA/UA sur les principes régissant les élections démocratiques en Afrique (2002) énonce au 11e point des droits et obligations : « Dans la couverture du processus électoral, les médias veillent à l’impartialité et s’abstiennent de diffuser et de publier des propos injurieux, des discours incitant à la haine et toute autre forme de propos provocateurs pouvant susciter des actes de violence ».
Or ici cette obligation n’est pas du tout respectée. Au contraire, le paysage médiatique est caractérisé par de nombreux problèmes : très forte dépendance des médias par rapport aux acteurs politiques, sources d’information non diversifiées, confusion entre journalisme et militantisme, parti-pris des médias audiovisuels publics au profit du parti au pouvoir, etc. En général, le journaliste a pour seules sources d’information des hommes politiques idéologiquement proches de ceux qui financent le média employeur. D’où le manque d’impartialité dans le traitement des informations, situation qui conduit le public à assimiler certains journalistes à de simples militants des partis. Résultat, au lieu de servir au public une information juste et équilibrée reflétant la diversité des courants politiques, pour nourrir le débat contradictoire nécessaire à la démocratie, les médias incitent parfois à la haine de l’adversaire politique. Il y a également le manque de professionnalisme des médias, caractérisé par de nombreuses dérives déontologiques : diffusion des rumeurs, diffamation, injures, accusations sans fondement, acceptation des avantages matériels ou financiers contre la publication ou la suppression d’une information, confusion entre le métier de journaliste et celui de publicitaire ou de propagandiste, traitement non équilibré des informations, etc.
Même en cette période de précampagne, les médias à capitaux publics (Gabon Television et Radio Gabon) ne font pas non plus preuve d’équité et d’impartialité, violant ainsi non seulement les recommandations de la Déclaration de l’OUA/UA sus-évoquée, mais aussi les dispositions pertinentes de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, qui prescrivent « un accès équitable aux médias d’État pendant les élections ». En outre, Gabon Television et Radio Gabon foulent au pied la Déclaration de l’OUA/UA sus-évoquée dont l’un des points précise que « Dans la couverture du processus électoral, les médias veillent à l’impartialité ». Enfin, le PDG, en tant que parti au pouvoir, n’est pas en phase avec un autre point de la Déclaration de l’OUA/UA qui stipule que « Tout candidat ou tout parti politique doit respecter l’impartialité des médias publics en s’engageant à s’abstenir de tout acte susceptible de compromettre ou de limiter l’accès de leurs adversaires politiques aux installations et aux ressources des médias publics pour faire passer leurs messages lors de la campagne».
(A suivre)