Cameroun : Écoles à but lucratif

(Jade Cameroun/Syfia) Au Cameroun, certaines écoles continuent de vendre dans leurs enceintes des fournitures. Au mépris de la loi et à la grande fureur des libraires, mais avec le soutien passif de parents d’élèves résignés.

Des écoliers sans manuels. Une semaine après la rentrée scolaire du 4 septembre dernier, plusieurs livres au programme se font encore rares dans les librairies camerounaises. Une pénurie, due en partie à la publication tardive des listes d’ouvrages, mais aussi à des cafouillages dans la distribution, qui font l’affaire de nombreux établissements scolaires qui continuent de vendre les fournitures scolaires dans leurs enceintes.


En août dernier, cette pratique, qui s’amplifie au fil des ans, avait pourtant été interdite par le ministre du Commerce. « Le message du ministre est venu avec un grand retard parce que nous avions déjà informé les parents que les fournitures scolaires seraient disponibles et vendues dans l’enceinte de l’établissement », justifie George Lafon, directeur du complexe scolaire Horizon à Douala.


Autrefois pratiqué exclusivement par les écoles confessionnelles, le commerce des fournitures scolaires a progressivement gagné les établissements privés laïcs. La pratique diffère dans les établissements publics où seuls les tenues de sport et les écussons sont vendus. « Nous n’acceptons pas ces pratiques à but lucratif, tout cela peut être développé en dehors de l’enceinte scolaire« , affirme un responsable de l’école primaire groupe 4 d’Akwa à Douala.


Ailleurs, le système est désormais bien rodé. Au moment de l’inscription de son enfant, le parent reçoit la liste des livres et cahiers exigés. Il est ensuite invité à se les procurer sur place, dans l’école ou dans un lieu que cette dernière lui aura indiqué. « Les prix sont ici un peu plus bas que dans les librairies ordinaires, même si la différence n’est pas grande », témoigne Edwige Ngah, une maman.


Les prix de vente des manuels scolaires sont homologués par le ministère du Commerce dans les circuits traditionnels de vente, mais pas dans les écoles exonérées du paiement des impôts et des taxes. Un privilège qui exaspère les libraires. « C’est de la concurrence déloyale ! », dénonce Samuel Batchou, gérant au quartier Nkololoun à Douala.


 


Marge bénéficiaire


En dehors des livres, l’inscription d’un enfant dans un collège est le plus souvent aussi conditionnée par l’achat sur place d’au moins un ensemble complet (pantalon ou jupe et chemisette). Déjà confectionnée, la tenue scolaire coûte en moyenne 10 000 Fcfa (15 Euros), soit 30 à 50 % plus cher que sur les marchés. La tenue de sport est, elle, vendue à plus du double de son prix réel.


Ces écoles achètent en grande quantité et donc à bon prix les tissus, les tee-shirts et les shorts, y font inscrire leur écusson, puis les revendent aux parents avec une marge bénéficiaire. Résultat final : des produits de qualité approximative. « Les élèves qui achètent ces tenues viennent souvent nous voir au bout de deux mois dans nos ateliers pour les faire raccommoder », dénonce François, un tailleur. Des parents choisissent malgré cette solution. « Je préfère acheter l’uniforme déjà confectionné à l’établissement au lieu d’acheter le tissu et d’aller voir un tailleur pour la confection, sans aucune assurance d’être satisfaite », soutient Anicet Ekambi, un parent d’élève.


« Nous sommes au moins sûrs que les livres et les fournitures achetés à l’école ne seront pas contestés par les enseignants de nos enfants », se persuade cet autre parent.


 


Aggée Nkwidja et Charles Nforgang


 

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