Le président du syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag) le dit dans une interview accordée à la rédaction de MICA. A la liste des revendications des magistrats en grève depuis 2016, s’est ajouté le départ du ministre de tutelle, Francis Nkea. Pour avoir déclaré que certains magistrats étaient corrompus, le ministre de la justice suscite la colère des hommes en toges qui le clouent au pilori depuis quelques mois. MICA : Depuis bientôt deux ans, le Syndicat national des magistrats du Gabon, le SYNAMAG, est dans un cycle de grèves sporadiques. Que revendiquez-vous exactement ? Gervais Ella Nguema : « Nous sommes en perpétuels mouvements d’humeur suite à la non-prise en compte de nos revendications. En effet, nous avons déposé auprès du ministère de tutelle un cahier de charges comportant 30 points. A ce jour, nous n’avons eu gain de cause que sur 4 points. Les juridictions administratives des villes de Port-Gentil et Franceville, ont pu bénéficier de locaux après trois années sans abri. Celle de Libreville s’est dotée d’un bâtiment flambant neuf à Batterie 4. A cela s’ajoute le problème des robes d’audience, le problème de la PIP (prime incitative à la performance) dont une partie n’a toujours pas été perçue, la situation des jeunes collègues nommés à la juridiction administrative, dont les qualifications ne concordaient pas avec leur cursus universitaire…» MICA : A côté de ces revendications, il y a la démission du ministre de la justice Francis Nkea, que vous réclamez désormais. Gervais Ella Nguema : « La demande de démission du ministre de tutelle n’était pas au préalable de notre cahier des charges. Cette situation a été circonstancielle et non préméditée. Cela est dû à son point de presse quand il s’est permis de nous traiter de «corrompus». La démission du ministre est un point particulier, qui ne pourra disparaître qu’au départ de ce dernier. Nous n’avons pas d’autre choix.». MICA : Est-ce de votre ressort de demander la démission d’un ministre? Gervais Ella Nguema : « Le département de la justice c’est pour les magistrats. Qu’on le nomme ailleurs s’ils veulent, mais à notre niveau, nous ne voulons plus travailler avec lui, car au vu et au su de tous, il nous a désavoués. Nous sommes un grand corps de l’Etat, une institution, un pouvoir, il n’est pas permis qu’un individu, quel qu’il soit, s’amuse avec. Ce que nous demandons aujourd’hui, c’est le départ de celui qui supervise notre département. Nous ne pouvons pas accepter le fait qu’il y reste après son indélicatesse car il pourrait récidiver. Au Gabon, on a l’impression que le magistrat n’est qu’un gadget de l’Etat. Nous disons non, trop c’est trop. D’ailleurs, nous allons porter plainte contre lui». MICA : On reproche souvent à la justice d’être instrumentalisée, est-ce une opinion que vous partagez ? Gervais Ella Nguema : « Le syndicat se bat pour atténuer ce fléau. Il faut voir les conséquences qui s’en suivent. Nous essayons d’être un peu plus en accord avec la population. Il faut le dire, la justice gabonaise est en désaccord avec la population. Que la population le pense, c’est son droit, mais qu’un ministre de la République se permette de balancer à la vindicte populaire des gens qui travaillent avec lui, ce n’est pas normale. Etant avocat de formation, il connait bien sa justice. S’il nous qualifie de corrompus, c’est qu’il sait par ailleurs combien de procès il a gagné avec cette corruption. Il faudra qu’il le prouve.» MICA : Pour conclure, qu’est-ce qu’on peut retenir de la grève du SYNAMAG ? Gervais Ella Nguema : « Nous sommes en grève illimité jusqu’au respect de nos droits et au départ de Me Nkea. Cependant, nous accompagnons notre mouvement d’un service minimum. Nous faisons la grève aujourd’hui car nous n’avons pas le choix, nous voulons que les choses changent, que le magistrat soit indépendant dans son travail ». Recueilli par Raïssa MOUBECKA
La décharge de Mindoubé déborde. Un problème de santé publique à Libreville
Située dans le 5e arrondissement de la commune de Libreville, la grande décharge de Mindoubé est le seul dépotoir public dans lequel on achemine depuis des décennies, les ordures de tous les ménages de Libreville et de ses environs. Saturée, elle suscite les inquiétudes des populations avoisinantes qui craignent pour leur santé. Le gouvernement peine à trouver un autre site de remplacement.
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Agé de 74 ans, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping est prêt pour la bataille de l’élection présidentielle du 27 août au Gabon. Après une longue tournée dans le Gabon profond et le ralliement d’au moins trois autres candidats, il semble aux yeux des Gabonais, l’homme capable de créer la surprise lors d’un scrutin à un tour qui sera disputé par onze candidats.