Shantal Berinyuy, 15 ans est décédée des suites d’une grossesse issue de cette relation.
« Justice for Shantal », « Non au viol», « Non à la pédophilie»,… les messages brandis sur des pancartes et affiches en disaient long ce 25 janvier lors de la levée du corps de Shantal Berinyuy. Parents, amis et défenseurs des droits de l’homme ont saisi cette occasion pour dénoncer l’origine de la mort « précoce » de Shantal Berinyuy, 15 ans : un viol. « On ne peut même pas parler de relation amoureuse parce que la fille n’avait que 15 ans, et lui 60 ans», précise une des manifestantes. L’appât de l’argent brandi par son bourreau, un haut cadre d’un ministère de la République du Cameroun dont l’identité est pour l’instant, gardée sous anonymat.
Une histoire de viol sur mineure qui a abouti à une grossesse que cette déplacée de la crise dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. « Selon ce qu’elle nous a racontés avant de mourir, le monsieur l’a forcée à faire l’amour avec lui ; donc il l’a violée. Et elle est tombée enceinte. Quand elle a dit à l’homme qu’elle est enceinte, il lui a donné des décoctions qu’elle a consommées pendant une semaine et elle a commencé à saigner», rapporte l’avocate de la famille. Au-delà de la saignée « irrégulière », Shantal vivait d’autres complications. Les examens cliniques laissent découvrir « que ces décoctions ont détruit certains organes internes de son corps et c’est comme ça qu’elle a rendu l’âme», ajoute le conseil qui a requis l’anonymat. Ainsi, à 15 ans, Shantal Berinyuy rejoint ses deux parents déjà dans l’au-delà depuis quelques années. Du fait de la crise dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, l’adolescente avait dû quitter son village pour vivre désormais chez son oncle à Yaoundé.
Condamnation
La dépouille a été mise sous terre ce 25 janvier 2023 au quartier Simbock à Yaoundé. Mais la famille, soutenue par des associations de défense des droits l’homme, n’entend pas laisser la mort de Shantal impunie. Et tient à faire entendre son cri de détresse et sensibiliser l’opinion. « C’est Chantal aujourd’hui, demain ça peut être une autre », pense Caster Berinyuy, un proche de la famille de la défunte. « Nous voulons dénoncer tous les pédophiles, afin qu’il n’y ait plus une autre Shantal qui tombe dans leurs pièges », lance une autre manifestante.
Cette situation met en exergue une situation de viol des droits de la défunte. Déjà, le Protocole de Maputo qui dans son article 4 traite du droit à la vie, à l’intégrité et à la sécurité, prévoit en son article 4 que, « toute femme a droit au respect de sa vie, de son intégrité physique et à la sécurité de sa personne». Au point c de l’article 14 du même texte, le Protocole prescrit aux Etats de « protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste…» Et la Convention relative aux droits de l’enfant, ratifiée par le Cameroun, dispose en son article 34, que « les Etats parties s’engagent à protéger l’enfant contre toutes formes d’exploitation sexuelle». Si l’Etat peut avoir failli à son devoir, le bourreau, lui, s’est exposé au Code pénal en vigueur au Cameroun, et qui dit en son article 296, que : « est puni d’un emprisonnement de 5 à 10 ans, celui qui, à l’aide de violences physiques ou morales, contraint une personne, même pubère, à avoir avec lui des relations sexuelles».
Lindovi Ndjio, avec Jade