Les accusés du meurtre des élèves de Kumba condamnés à mort

Les défenseurs des droits s’opposent à cette sentence

Alors que les personnes impliquées dans le meurtre de 7  élèves à Kumba ont été condamnés à être fusillées par le tribunal de Buéa, les organisations non gouvernementales et défenseurs des droits humains s’indignent contre cette pratique, suspendue dans plusieurs pays dans le monde, mais encore appliquée au Cameroun. Pour eux, la peine de mort viole un droit des plus fondamentaux, le droit à la vie.

Quatre personnes arrêtées et accusées de la fusillade dans une école à l’académie internationale bilingue Mother Francisca à Kumba dans la région du Sud-Ouest en Octobre 2020 doivent être fusillées par un peloton d’exécution. Le jugement a été rendu le 7 Septembre dernier au tribunal militaire de Buéa où ils ont été déclarés coupables pour des actes de terrorisme, hostilité contre la patrie, sécession, insurrection, meurtre et possession d’armes à feu et de munitions illégalement.  

La fusillade de l’école de Kumba reste l’un des évènements les plus horribles de la crise anglophone qui dure aujourd’hui depuis cinq ans. Sept enfants avaient été abattus et 13 autres blessés après que des hommes armés non identifiés aient pris d’assaut l’école et ouvert le feu.

« Refuser à l’État le droit de tuer »

L’ONG chrétienne contre la torture et la peine de mort Acat-Cameroun basée à Douala, mène un combat pour l’abolition de la torture sous toutes ses formes, de la peine de mort et de toutes formes de violences des droits de l’homme sur l’ensemble du territoire national. Pour Paul , « exécuter une personne parce qu’elle a pris la vie de quelqu’un d’autre c’est de la vengeance. Cela n’a rien à voir avec la justice. Une exécution inflige une terrible cruauté physique et psychologique. Toute société qui exécute des délinquants se rend responsable de la même violence que celle qu’elle condamne ».

L’avocat Natchou Tchoumi va dans le même sens. « La tendance universelle est à la suppression de la peine capitale comme l’ont déjà compris deux tiers des pays du monde qui ne la pratiquent plus. Parce que s’opposer à la peine de mort c’est conserver notre humanité et notre dignité face à la barbarie. Parce que refuser à un Etat le droit de tuer ceux dont il doit s’occuper, c’est préserver la base de notre liberté ».

Pour d’autres, « l’exécution est le châtiment ultime et irrévocable. Le risque d’exécuter un innocent existera toujours. Depuis 1973, par exemple, plus de 184 condamnés à mort ont été mis hors de cause ou libérés aux Etats-Unis après que leur innocence a été démontrée ».

L’ONG Acat précise que la peine de mort ne réduit pas le taux de criminalité. D’après ses recherches, il n’existe aucune preuve crédible que la peine de mort soit plus dissuasive qu’une peine d’emprisonnement. En fait, dans les pays qui ont interdit la peine de mort, les chiffres relatifs à la criminalité n’ont pas augmenté. Dans certains cas, ils ont même baissé.

142 pays ont aboli la peine de mort

Pour Amnesty international, ceux qui ont perdu des êtres chers dans des crimes terribles ont le droit de voir les responsables rendre des comptes dans le cadre de procès équitables, sans recours à la peine de mort. En s’opposant à ce châtiment, il ne s’agit pas de réduire l’importance d’un crime ni de le cautionner.  Mais de nombreuses familles ayant perdu des êtres chers affirment que la peine de mort ne permet pas réellement de soulager leur souffrance. Elle ne fait qu’étendre la souffrance de la famille de la victime à celle du condamné.

Aujourd’hui, grâce à la mobilisation de l’Ong, 142 pays, soit plus de deux tiers des pays du monde ont aboli la peine de mort en droit ou en pratique. « La peine de mort viole un droit des plus fondamentaux, le droit à la vie. Il s’agit du châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit ». Mais beaucoup de pays, comme le Cameroun, continuent de l’appliquer. 

Le Cameroun à l’encontre des lois internationales

Au Cameroun, la dernière exécution date de 1997. Le code pénal adopté en 2016 maintient la peine de mort, en particulier pour des infractions liées au terrorisme. Comme l’a affirmé l’avocat maître Tamfu lors de l’audience de Buéa, « tout le monde était scandalisé dans la salle. C’est une décision forte, le juge est guidé par la loi. C’est un message fort que la justice veut passer. Les personnes coupables seront fusillées dans les 10 jours à compter de la sentence prononcée ».

Une décision qui va à l’encontre des lois internationales ratifiées par le pays. A l’exemple de la déclaration universelle des droits de l’homme,  dont l’article 3  stipule que « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne ». Ou encore de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples qui rappelle que « le droit à la vie est inhérent à la personne humaine. Aucune autorité ne devrait s’arroger un pouvoir de vie ou de mort sur un être humain »

Hugo Tatchuam (Jade)

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