Que ce soit le partage des photos intimes sans consentement, le cyber harcèlement, le trafic en ligne, l’exploitation et le harcèlement sexuel, les discours haineux, les femmes enfermées avec leurs agresseurs… : la liste des violences à l’égard des femmes est longue. Les conventions internationales sont bafouées au Cameroun.
12 Aout, dans la localité de Muyuka dans la région du Sud-Ouest aux environs de 13h, une femme est assassinée. La victime « a été sortie de chez elle, ligotée, entraînée sur la route avant d’être tuée et décapitée par ses agresseurs. Le corps a été jeté au milieu de la voie». Le centre pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique (CHRDA), une Ong fondée par le célèbre avocat anglophone Felix Agbor Mballa qui a rendu public cette information, a fermement condamné cet acte odieux.
Les régions anglophones les plus touchées
Selon les Nations Unies, depuis 2017 au moins 3000 personnes ont perdu la vie dans les deux régions anglophones et au moins 700 000 ont fui leurs domiciles. Les femmes font partie des victimes les plus touchées. Ces derniers mois, plusieurs villages ont été brûlés lors des affrontements entre les insurgés et les forces de l’ordre. On compte de nombreuses femmes parmi les victimes.
Le 02 Novembre 2021 au quartier Bonaberi, R. Tsafack a poignardé à mort son épouse C. Wete âgée de 32 ans, mère de deux enfants après une énième tentative de réconciliation.
Toujours à Douala, le corps sans vie d’Isabelle D. a été récemment découvert par sa famille au quartier Beedi dans le 5e arrondissement. Son époux l’a tuée à coups de poings.
Quelques mois plutôt, une jeune étudiante avait été atteinte par balle au domicile du sous-préfet de Lokoundje dans la région du Sud. Elle est présentée comme la petite amie du haut fonctionnaire. Jusqu’à aujourd’hui, le sous-préfet n’a jamais été condamné pour ce crime.
Chiffres en hausse durant le confinement
Dans sa déclaration rendue publique à l’occasion de la célébration de la journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, le 25 Novembre, la commission des droits de l’homme du Cameroun indique que les violences contre les femmes ont augmenté pendant la période de confinement, avec les violences sur les partenaires intimes, les violences sexuelles et harcèlements.
Elle cite le cas de Mirabelle Christelle Lingom, jeune femme de 25 ans, victime de diffamation, calomnie, viol dans la ville de Douala et décédée dans des circonstances troubles. La commission évoque aussi le cas de la diffusion au mois de Juin dernier, d’images pornographiques de la jeune Malika Bayemi âgée de 24 ans, ou encore la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo contenant des actes de violences envers une certaine Germaine perpétrés par son compagnon à Douala le 1e Septembre 2021.
Selon la commission, « au Cameroun 3403 cas de femmes et filles victimes de violences basées sur le genre sont portés devant les juridictions. 4300 cas de viols ont été recensés dans les régions anglophones ».
Par ailleurs, depuis 2018, 54% de femmes ont été victimes d’abus psychologiques, 50% de violences économiques, 24% de femmes ont subi le « repassage des seins », 2% ont été victimes de mutilations génitales féminines.
Lois violées
Toutes ces dérives constituent une violation de la convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes ratifiée par le Cameroun. Elles constituent aussi une violation de l’article 5 de la déclaration universelle des droits de l’homme qui stipule que nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels inhumains ou dégradants ». L’Etat est appelé a prendre des mesures pour remédier à cela.
Hugo Tatchuam (Jade)