De nombreux journalistes et collaborateurs de Acfed radio sont mal fichés au cabinet de Eric Niat, maire de la commune de Bangangté. En fin d’année 2021, le maire a saisi le ministre de la Communication pour dénoncer des pratiques de « diffamation et de propagation de haine » à mettre sur le compte de radio Acfed. Le Mincom lui a conseillé de saisir le Conseil national de la Communication. Pour l’instant, le chef du cabinet du maire, Gaby Fashondeck, apporte des éclairages qui traduisent la position de l’élu local. « Suite à une émission radio à charge largement décriée par les auditeurs, le Maire avait saisi simultanément le Minat, le Mincom et le CNC le même jour pour les mêmes faits. Le Mincom avait alors demandé au Maire de saisir le CNC; ce qui, du reste, avait déjà été fait.
Dans une réponse qui lui est parvenue bien avant celle du Mincom, le CNC avait sollicité du Maire un certain nombre d’éléments au rang desquels l’enregistrement sonore de ladite émission, afin de réserver à sa plainte un traitement approprié. L’information selon laquelle le Maire aurait uniquement saisi le Mincom est partielle », explique le directeur de cabinet du maire de la commune de Bangangté. Il poursuit en relevant que « le Maire de Bangangté est très ouvert à la presse, davantage lorsque celle-ci assure sa mission avec responsabilité et professionnalisme. » « L’Hôtel de Ville comme son nom l’indique, qui en est la symbolique, doit demeurer le refuge de tous les usagers épris de progrès. Il est ouvert à tous les habitants sans exclusive. Du moins, tel est l’idéal du Maire qui correspond au nôtre. Dans le registre de la décentralisation, le rôle du Maire est aussi de promouvoir la démocratie à l’échelle locale parmi ses trois principales missions, mais dans le cadre défini par les textes en vigueur » conclut-il.
Les accusations portées contre Acfed radio sont balayées par le promoteur de ce média, ShialéNagha. Il défend le professionnalisme de sa radio et fait savoir qu’il s’agit d’une intimidation liée aux affrontements politiques entre les élites locales… En outre, il est constant que des journalistes et d’autres acteurs des médias réputés proches de radio Acfed( Action, femme et environnement pour le développement durable) sont constamment la cible de menaces de violence, et de propos haineux, proférées en ligne de manière souvent anonyme par des utilisateurs de réseaux sociaux, mais parfois aussi ouvertement par des personnalités publiques vindicatives.
Il y a aussi une nette augmentation des menaces juridiques ou administratives fallacieuses et à motivation politique ainsi que des cas de harcèlement judiciaire ou administratif. Willy Djamen, Simplice Mvondo, Hugues Fallé, tous employés ou anciens employés de Acfed radio se plaignent de ne plus être en sécurité dans la ville de Bangangté à cause des menaces. Willy Djamen a quitté la ville de Bangangté à cause desdites menaces. Contacté par nos soins, le délégué départemental de la Communication du Ndé n’a pas trouvé opportun d’exprimer son opinion. Cependant, il reste attaché au respect des textes en vigueur et des instruments juridiques internationaux relatifs à la protection des journalistes et de la liberté d’expression. L’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques stipule:
« 1. Nul ne peut être inquiété pour ses opinions.
2. Toute personne a droit à la liberté d’expression; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix.
3. L’exercice des libertés prévues au paragraphe 2 du présent article comporte des devoirs spéciaux et des responsabilités spéciales. Il peut en conséquence être soumis à certaines restrictions qui doivent toutefois être expressément fixées par la loi et qui sont nécessaires:
a) Au respect des droits ou de la réputation d’autrui;
b) A la sauvegarde de la sécurité nationale, de l’ordre public, de la santé ou de la moralité publiques. »
Une position que partage largement Emmanuel Ekouli, membre du Réseau des patrons de presse du Cameroun. Pour ce diplômé de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille, en France, l’Etat du Cameroun ne garantit pas la liberté des médias. Alors que des médias indépendants, libres et pluralistes sont le pivot de la bonne gouvernance dans les jeunes démocraties comme dans les plus anciennes.
Guy Modeste DZUDIE(JADE), à Bangangté