Crise anglophone. L’Union européenne plaide pour une fin des hostilités

Le représentant de cette instance internationale appelle à l’organisation d’un dialogue inclusif pour un retour à la normale dans les deux régions.

Le pouvoir de Yaoundé va-t-il rester sourd  à la demande de l’ambassadeur de l’Union européenne au Cameroun d’organiser un dialogue inclusif pour résoudre la crise anglophone ? Philippe Van Damme, chef de la délégation de l’Union européenne au Cameroun, exprime son inquiétude sur la tournure prise par la crise qui secoue les deux régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest du Cameroun depuis presque six ans. Avec cette crise, des  enlèvements, des prises d’otage, des exactions des civils et des forces de défense et de sécurité sont réguliers.

Le dialogue « inclusif », souhaité par  l’Union européenne, se veut  une plateforme de discussion pouvant réunir les autorités étatiques, les représentants des groupes séparatistes incarcérés ainsi que certains leaders  résidant  au Cameroun ou à l’étranger, les forces politiques, la société civile et toutes les autres composantes de la Nation.  L’appel de l’Union européenne intervient  à la suite d’une série de propositions formulées dans ce sens par les organisations  de la société civile comme le Centre pour les droits de l’homme et de la démocratie en Afrique centrale (Chrda), Dynamique citoyenne, les associations de défense des droits de l’homme  comme Human Rights Watch ou le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale  (Redhac) et quelques leaders de l’opposition.

Agbor Balla, leader de la société civile, estime que si le gouvernement accepte de libérer certains leaders anglophones incarcérés à l’instar d’Ayuk Sissiku Tabe, puis  accepte de discuter de la forme de l’Etat, notamment le fédéralisme, ce dialogue sera plus inclusif et verra la participation de tout le monde. L’avocat précise  que le fédéralisme dont il s’agit ici ne signifie pas la sécession comme certaines autorités gouvernementales le laissent entendre. Il estime que c’est cette mauvaise interprétation  de la notion du fédéralisme par le pouvoir de Yaoundé  qui est à l’origine de l’aggravation de la crise dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest. Le fédéralisme auquel il fait allusion   est un système politique qui permettrait aux citoyens, surtout des régions anglophones, de participer à la gestion des affaires de la cité.

Plus de 3 millions de personnes en détresse

Agbor Balla, estime que « l’échec »  du Grand dialogue national peut se justifier par le fait que les mesures politiques n’ont pas été prises en amont. Parmi ces mesures, la libération des leaders anglophones en détention et la levée du mandat d’arrêt émis par les autorités camerounaises à l’encontre de certains leaders exilés. Selon cet activiste de la société civile, l’Etat du Cameroun a l’obligation de prendre toutes les mesures nécessaires pour résoudre cette crise comme le stipule le Pacte international relatif aux droits civils et politiques : « Les Etats parties au présent Pacte s’engagent à respecter et à garantir à tous les individus se trouvant sur leur territoire et relevant de leur compétence les droits reconnus dans le présent pacte. »  Or, avec cette crise sécuritaire, les droits à la vie,  à la santé, à la sécurité et la liberté d’aller et venir sont systématiquement violés. 

En octobre 2019, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi déclarait : « le Grand Dialogue national a été un grand moment de la vie nationale et un franc succès ».  Mais un cadre du ministère de la Communication dénonce pour sa part une manœuvre de chantage de certains leaders anglophones. Il estime que depuis le déclenchement de cette crise, le gouvernement a pris les mesures qui sont allées au-delà des revendications formulées par les enseignants et les avocats. Selon lui, le gouvernement a également procédé à la libération de plusieurs détenus.

 En attendant ce dialogue dit « inclusif » l’ambassadeur de l’Union européenne  a relevé le 7 octobre 2022 à Yaoundé lors d’un cocktail d’évaluation de l’aide de l’Union européenne dans le cadre de la crise anglophone que : « La crise anglophone s’enlise dans une économie de guerre et une certaine forme de banditisme. Elle est en attente d’un dialogue renouvelé pour être résolue ». Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires  (Ocha), et l’Union européenne, plus de 3 millions des Camerounais touchés par la crise anglophone sont dépendants de l’aide humanitaire.

Prince Nguimbous (Jade) 

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