Le gouvernement a proposé à 3049 jeunes déscolarisés une formation de mécaniciens, menuisiers… et une dizaine d’autres métiers manuels. Avec l’espoir de les sortir de la rue et de l’inactivité. Certains membres de la société civile et de l’opposition y ont vu une manœuvre électoraliste.
Le gouvernement a proposé à 3049 jeunes déscolarisés une formation de mécaniciens, menuisiers… et une dizaine d’autres métiers manuels. Avec l’espoir de les sortir de la rue et de l’inactivité. Certains membres de la société civile et de l’opposition y ont vu une manœuvre électoraliste.
Le ministre délégué en charge de la Formation professionnelle et de l’Insertion des jeunes, Nicole Asselé, en remettant officiellement les kits de formation aux apprenants, a expliqué que le projet d’autonomisation par les métiers de base, dans sa première phase, concerne 3049 jeunes déscolarisés, souvent inactifs et éloignés du marché du travail. « Au-delà de l’absence de diplôme, les jeunes sans qualification sont facteurs de marginalisation sociale, les excluant ainsi hors de la sphère professionnelle’’, a déclaré la ministre
A peine lancé, en avril 2016, ce programme «Un jeune, un métier» a été perçu par plusieurs membres de la société civile et de l’opposition, comme une récupération politicienne, en vue de garantir au parti au pouvoir un vivier de voix pour l’élection présidentielle de aout. ‘’Comment comprendre que l’on ait attendu cette année électorale, pour faire démarrer ce projet ? Les dirigeants ne savent-ils pas qu’au Gabon plus de 40% de jeunes qui sont sortis du système scolaire, sont pour la plupart sans qualification professionnelle et en situation de grande précarité ?, a argumenté Jean Diderot Moucketou de l’Alliance démocratique et républicaine (Adere).
En réponse à ces critiques, Louise Marie Soumaho, coordinatrice du projet a précisé ‘’Notre ambition est d’organiser un programme de formation des jeunes de la rue non scolarisés dont l’âge varie entre 16 et 35 ans par le tutorat et qui s’articule autour des activités génératrices de revenus par des petits métiers. Pour éviter que des soucis financiers liés aux déplacements des jeunes, ne surviennent, ils ont bénéficié au cours de leur formation d’une somme mensuelle de 50.000 FCFA. »
Existence légale
Elle a rappelé l’autre aspect de cette formation, qui a consisté à fournir à près de 200 jeunes nés à Libreville n’ayant pas une pièce d’Etat civil, de bénéficier d’un jugement supplétif afin d’avoir une existence légale.
Deux ans après cette initiative,-qualifiée de partenariat public –privé–quels ont été les forces et les faiblesses de ce projet? Pour la présidente de l’ONG Service international de formation des enfants de la rue, démunis et déscolarisés (SIFOS) Chantal SAGBO SASSE qui l’a soutenu de bout en bout. ‘’Les différentes formations concernaient au moins dix filières telle que la mécanique, la soudure, la menuiserie, le froid-auto, la tôlerie-peinture, etc. Ce sont 665 apprenants qui ont suivi une formation de 3mois, 64 ont abandonné, pour un total de 601 jeunes, à qui on a remis des attestations et des kits. ‘’
Probable transposition à Port-Gentil
C’est au siège de SIFOS que la cérémonie officielle de remise de la liste des jeunes de la province de l’Estuaire, s’est déroulée en présence de la ministre de la Jeunesse. Moment inoubliable, de reconnaissance qui est venu couronner plus de 15 ans au service des enfants démunis’’ Chantal Sasse, avec émotion.
Selon elle, ‘’Il ne faut pas forcément voir le côté négatif. Ce que je déplore, c’est le manque de moyens et de structures de formations retenues pour mener sereinement le projet. Les jeunes n’ont pas su saisir cette opportunité. Faire sortir un individu de la pauvreté, en lui donnant une formation est un acte louable. Comment comprendre que certains jeunes, aient pu vendre leurs kits, pour de l’argent ?’’ Le cœur serré, elle a conclu; ‘’La pauvreté n’exclut pas la dignité, car le travail c’est la dignité de l’Homme.
L’objectif initial diversement interprété, montre cependant le faible pourcentage des jeunes versé dans l’auto-emploi autour des activités génératrices de revenus. Ce projet que l’Etat a présenté comme novateur, en voulant donner une seconde chance à une partie de la jeunesse, a-t-il vraiment atteint ses objectifs ? En tout cas, l’actuel ministre du Travail, Carmen Ndaot, veut revisiter le projet et a demandé un bilan, pour le transposer dans la ville pétrolière, où les licenciements pour chômage technique sont légion.
Gérard-Philippe WALKER
Les partenaires
La mise en place de ce projet a bénéficié de l’accompagnement des administrations tels l’Office nationale de l’emploi (l’ONE), la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS), les centres de formation et de perfectionnement professionnel de Nkembo, le Centre de formation et de perfectionnement de Basile Ondimba, le Centre interafricain pour le développement de la formation professionnelle, deux ONGs Malachie et SIFOS ont été retenues.