Les gabonais jugent. Un acte courageux ou illégal ?

Il gérait la fourniture d’eau et d’électricité dans le cadre de la société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) depuis 1997. Pourtant le groupe français, Veolia a été écarté de cette mission par l’Etat qui a mis fin, le 16 février dernier, et de manière inattendue, au contrat de concession qui les liait tous les deux, suite aux plaintes récurrentes des clients de la SEEG. Si d’aucuns y voient un acte de bravoure, une décision courageuse et louable, pour d’autres, cet acte a été brutal et illégal.

Il gérait la fourniture d’eau et d’électricité dans le cadre de la société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) depuis 1997. Pourtant le groupe français, Veolia a été écarté de cette mission par l’Etat qui a mis fin, le 16 février dernier, et de manière inattendue, au contrat de concession qui les liait tous les deux, suite aux plaintes récurrentes des clients de la SEEG. Si d’aucuns y voient un acte de bravoure, une décision courageuse et louable, pour d’autres, cet acte a été brutal et illégal. 

Selon Sonia Angue Mba, 33 ans, personnel de santé, la rupture de concession  entre Veolia et le gouvernement gabonais est un acte de bravoure à saluer  et non un regret. « Je  ne regrette pas le départ du groupe  Veolia  car il a causé assez de tort. Jusqu’alors je n’ai pas d’eau dans mon quartier, je puise de l’eau à 6 km. Cette rupture  est la réponse adéquate aux cris de détresse formulés par nos populations depuis plusieurs années ».

«C’est en toute légitimé» 

Pour Fabrice Koumba Koumba, 36 ans, fonctionnaire, « notre pays doit renforcer ses infrastructures hydrauliques urbaines, afin de combler le déficit et améliorer la qualité et la gestion de la fourniture d’eau et de services d’assainissement en zone urbaine. Or, Veolia qui doit porter cette mission, peine à assumer ses engagements. Au contraire, ces dernières années, la qualité du service rendu aux usagers ne s’est que trop dégradée. C’est donc en toute légitimité que le gouvernement rompt cette convention ».

Que l’Etat reprenne le contrôle

C’est du moins ce que soutien Berni Mondjot, 35 ans, Banquier, « Si l’Etat a rompu le contrat cela veut dire qu’il ne marchait plus ». Pour elle, il est illogique de continuer à investir dans quelque chose qui  ne fonctionne pas.  « Depuis toujours », dit-elle, « nous sommes confrontés aux problèmes d’eau et d’électricité. Plusieurs quartiers de la capitale sont en manque, sans parler de l’intérieur du pays où l’eau potable et le courant sont des denrées rares. Pourquoi alors continuer ? Que les choses reviennent à la normale avec une gestion purement locale ».

«Une décision irréfléchie»

Sylvain Ottah, 40 ans, entrepreneur,  est catégorique. «La rupture entre l’Etat gabonais et Veolia, est une décision irréfléchie qui aura des conséquences désastreuses. En effet, cette rupture est scandaleuse et abusive, compte tenu de la brutalité avec laquelle l’Etat gabonais s’est servie pour rompre son contrat avec Veolia. Le gouvernement n’a pas respecté la procédure. La résiliation du contrat de Veolia au Gabon, devrait s’acheminer vers les tribunaux d’affaires».Violation de la procédure, c’est aussi ce que soutient Yves Makaya, un Informaticien de 45 ans. A l’en croire, on ne peut pas rompre un contrat qui lie deux parties, unilatéralement par un simple communiqué de presse. « Juridiquement, le contrat ne peut pas être rompu par un simple courrier de la Présidence ou du ministère de tutelle de la SEEG. Avant de rompre un contrat, il y’a d’abord des mises en demeure qui contraignent le ou les mis en demeure à respecter les termes du contrat sous peine de se le voir retirer. C’est seulement après 3 courriers et après constat avec un huissier que le contrat peut être rompu ».

«Un mauvais message aux investisseurs»

« C’est une action brutale, avec des hommes en armes sans aucun respect des salariés de la SEEG. Faut-il des forces armées pour mettre fin à un contrat ? C’est aussi un triste message que le Gabon envoie à l’étranger et aux investisseurs», dit Arielle Ntolé, étudiante en ressources humaines.

Malgré les explications du gouvernement, la rupture unilatérale du contrat par l’Etat qui a décidé de prendre temporairement la gestion de la SEEG, n’a pas fini de susciter des débats. Mais pas seulement puisque même le personnel de l’entreprise est désormais inquiet quant à son avenir, notamment certains avantages que les autorités  pourraient lui supprimer  en raison de la conjoncture économique du pays. 

Raïssa MOUBECKA

 

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