C’est l’unique solution préconisée par le Président de l’Alliance pour la Renaissance Nationale (ARENA, pro Ping). Chômage, dette publique exponentielle, crise politique, etc., toutes ces questions n’ont d’autre solution que dans le démantèlement du régime Bongo. « Un régime à bout de souffle, maintenu en place par la France au nom de ses intérêts économiques ». Richard Moulomba le dit d’un ton calme mais très critique au micro de MICA.
C’est l’unique solution préconisée par le Président de l’Alliance pour la Renaissance Nationale (ARENA, pro Ping). Chômage, dette publique exponentielle, crise politique, etc., toutes ces questions n’ont d’autre solution que dans le démantèlement du régime Bongo. « Un régime à bout de souffle, maintenu en place par la France au nom de ses intérêts économiques ». Richard Moulomba le dit d’un ton calme mais très critique au micro de MICA.
MICA: Vous êtes Président de l’ARENA. Comment définir l’idéologie de votre parti sur l’échiquier politique nationale?
R. Moulomba : « Nos pays africains sont très peu inscrits dans les lignes idéologiques. Le fondement de l’ARENA est dans sa devise : Amour – Vérité – Justice. L’Amour est la force dynamique qui anime l’action de l’ARENA ; la Vérité est la lumière qui guide cette force dynamique ; et la Justice est l’objectif à atteindre dans toute société humaine. Le militant de l’ARENA doit donc œuvrer pour la promotion du bien commun. Et pour réussir tout cela, il doit s’armer de certaines vertus comme l’Honneur, la Loyauté, la Persévérance et le Courage ».
MICA : Ce sont des vertus essentielles pour le combat politique ?
R. Moulomba : « Nous sommes dans le combat depuis 27 ans, dans la constance contre «le système Bongo». Ce combat est déjà gagné. Il y a simplement qu’un serpent à qui on a coupé la tête continue toujours de bouger pendant un bon temps avec sa dernière énergie de réserve».
MICA : Justement tout le monde ou presque, s’accorde à dire que le Gabon va mal. Que faut-il faire pour sortir de cette situation ?
R. Moulomba : « La solution n’est pas d’ordre économique, mais d’abord politique. Le Président de la République est mauvais. Il faut le changer. D’autant qu’il a usurpé ce poste. Il doit laisser sa place au vrai vainqueur de l’élection, qui créera les conditions de déclic dont a besoin aujourd’hui chaque Gabonais. Et la France doit comprendre cela.
Au plan économique, le Gabon a la taille d’une grande multinationale : deux cent mille employés et un million cinq cent mille consommateurs. Ses problèmes peuvent être réglés en cinq ans, dès que le vrai Président choisi par le peuple occupe sa place. Je peux dire que les deux grandes pistes pour la relance économique sont connues. Il faut payer totalement la dette intérieure, et relancer l’économie par l’investissement. Il faut augmenter le pouvoir d’achat des travailleurs publics et privés, et relancer l’économie par la consommation».
MICA : Et la France doit comprendre cela, dites-vous. Pourquoi La France ?
R. Moulomba : « C’est la France qui a mis en place le «système Bongo», le mal réel du Gabon. Elle en est le maître du jeu. Et la France est dans ce système Bongo, ce que la boîte d’alimentation est dans le système des voitures automatiques, la tour de contrôle. Un simple fusible enlevé ou grillé dans cette boite, suffit à faire transpirer à la fois le moteur, le chauffeur et les passagers. Elle fait tout cela au nom des intérêts économiques».
MICA : Dans son discours à la nation, Ali Bongo promet la création de 10.000 emplois par an, à compter de cette année 2018. Qu’en pensez-vous ?
R. Moulomba : « C’est une annonce, du reste prétentieuse, comme chacune de plusieurs centaines faites depuis 2009. C’est du vent, et venant de lui, dans cet environnement austère connu, créé du reste par lui-même, où les entreprises ferment et mettent au chômage quotidiennement, c’est irréaliste. Le rythme de création des entreprises au Gabon, ainsi que leur taille, leurs décès, dans cet environnement décourageant (non paiement de la dette intérieure, climat délétère, etc.) me confortent dans l’idée que le Chef de l’Etat par défaut n’est que dans des simples promesses ».
MICA : Quelles pistes de solutions propose l’ARENA, pour résorber la question du chômage ?
R. Moulomba : « Allons sur la base de quelques constats : 1-Les universités et écoles supérieures déversent sur le marché du travail, environ deux mille Gabonais diplômés par an, qui viennent s’ajouter aux précédents ; 2-En repoussant l’âge de la retraite comme on vient de le faire, on freine l’entrée des jeunes sur le marché du travail ; 3-En partant du Code du Travail et des textes du BIT, le Bureau international du travail, le Gabon compte environ 418.880 personnes actives, dont globalement 95 000 employés par le secteur public, 90.000 par le secteur privé, et 25 000 dans des fonctions libérales. Soit un total de 210.000 personnes qui travaillent. Donc nous avons en moyenne 208.000 personnes à la recherche d’un emploi. Et ce chiffre augmente d’environ 1% chaque année .
La solution, pour répondre à cette préoccupation, est de jouer sur plusieurs leviers : la création des entreprises et activités créatrices de revenus, la fiscalité car, le régime fiscal gabonais est non seulement lourd, mais incontrôlé ; la relance économique par l’investissement et la consommation ».
MICA : Comment jugez-vous l’interdiction faite dernièrement à Jean Ping, de sortir du Gabon ?
R. Moulomba : « Cette décision, au passage une mesure extrême, intervient alors même que les magistrats sont en grève, et que le type de dossiers traités par eux, au titre du service minimum, sont connus. Le dossier de Jean Ping, appelé pour témoigner, n’en fait pas partie. On peut affirmer, avec certitude que la personne inculpée, sensée avoir cité Jean Ping, n’a pas encore été entendue par ladite juge au moment de la convocation de ce dernier. Alors, comment peut-elle chercher à entendre celui qui vient témoigner, alors même que l’inculpé sensé l’avoir cité, n’est pas encore entendu ? C’est un acte purement politico-politicien, portant maladroitement un masque juridique ».
Recueilli par Doriane MOUSSOUNDA.