Cameroun : En finir avec la pollution industrielle

(Jade Cameroun/ Syfia) Au départ récalcitrantes et souvent sanctionnées en vertu du principe du pollueur payeur, des entreprises camerounaises traitent désormais certains de leurs déchets ou les confient à des sociétés spécialisées. Seules les eaux usées sont encore déversées dans la nature. Plus pour longtemps promettent les intéressés.

L’application du principe pollueur payeur commence à avoir des effets visibles dans certaines entreprises camerounaises. A Douala, devant le bâtiment administratif de l’usine de Koumassi, l’une des cinq que compte la Société anonyme des brasseries du Cameroun (SABC), trois bacs à ordures en métal ont été installés. Le premier pour les déchets en nylon, le second pour ceux en plastique et le troisième pour les divers. Une zone poubelles a été aménagée derrière l’entrepôt qui abrite la chaîne de production.


Les eaux usées de l’usine sont simplement recueillies dans une cuve, où elles sont neutralisées par du gaz carbonique, puis déversées dans l’un des deux caniveaux aménagés. « En attendant la construction de notre station d’épuration, ces eaux sont encore rejetées dans la nature. Quand nous nous sommes installés ici, c’était la brousse. Aujourd’hui, la ville nous a rattrapés. Il nous manque de l’espace », justifie Nestor Djeuga, chef du service gestion de l’environnement. L’entreprise a choisi d’installer ses stations d’épuration à l’extérieur des usines. La toute première devrait en principe fonctionner à partir de 2008.


À la SABC, le service gestion de l’environnement n’a vu le jour qu’en 2004, trois ans après que cette entreprise et une douzaine d’autres aient été sanctionnées par le ministère de l’Environnement et obligées à verser des amendes allant de 2 à 5 millions de Fcfa (entre 3 000 et plus de 7 600 Euros) pour pollution.


 


Des stations d’épuration attendues


Depuis l’an dernier, Guinness Cameroun SA, sanctionnée elle aussi par le passé, a également crée un service de gestion de l’environnement; de la santé et des risques. Un centre d’information spécialisé répond par ailleurs aux questions des membres du personnel et des visiteurs. L’entreprise brassicole, qui, à l’heure actuelle, rejette encore elle aussi ses eaux usées neutralisées dans la nature, s’est dotée depuis deux ans d’un dispositif de montage d’une station d’épuration. « Nous avions acquis au départ un terrain au voisinage de l’usine pour installer la station, mais nous sommes restés bloqués par les difficultés d’obtention d’un titre de propriété. Aujourd’hui, nous avons trouvé la solution de l’installer sur un site aménagé dans notre usine », explique-t-on au service environnemental qui assure que la station sera opérationnelle dès 2008.


« Mettre en place une station d’épuration coûte très cher. Les entreprises font déjà de gros efforts. Il ne leur reste qu’à les construire et beaucoup sont sur la voie », se félicite-t-on au ministère de l’Environnement et de la protection de la nature. La bonne foi des industries est désormais prise en compte et les rares sanctions ne sont plus médiatisées comme auparavant, à la demande de ces dernières.


 


 


 


Louables efforts


Pas toujours parfaitement équipées pour les traiter, les entreprises confient aujourd’hui leurs déchets (huiles usées, déchets d’hydrocarbures ou médicaux, batteries, etc.) à des sociétés privées camerounaises (Nettoycam, Bocam, Bocom) spécialisées dans l’enlèvement, l’incinération et le recyclage. Toutes ont été créées après 2001. « Les déchets aujourd’hui récupérés et traités par ces sociétés étaient par le passé déversés dans la nature », fait remarquer Jean Jérôme Owona, chef du bureau de l’information à la délégation régionale du ministère de l’Environnement pour la province du Littoral, où sont installées la majorité des industries. « Globalement, beaucoup d’efforts ont été faits par les entreprises », se félicite-t-il.


Par exemple, la SABC thermolyse, c’est-à-dire neutralise par la chaleur, les levures, les empêchant ainsi de se développer. Au lieu de les déverser dans la nature comme par le passé, elle l’incorpore la levure à la drêche qu’elle revend aux éleveurs. Guinness fait de même.


Autant d’efforts qui vont dans le sens du respect de la loi de 1996 relative au principe du pollueur payeur selon lequel « toute personne qui, par son action crée les conditions de nature à porter atteinte à la santé de l’homme et à l’environnement est tenue d’en assurer ou d’en faire assurer l’élimination dans les conditions propres à éviter lesdits effets. » Loi complétée en 2005 par un décret d’application qui prévoit des sanctions pouvant aller jusqu’à la prison.


La création d’une entreprise est à présent assujettie à la réalisation par les promoteurs d’une étude d’impact environnemental. De leur côté, les entreprises créées avant 2005 ont l’obligation de réaliser un audit d’impact et un plan de gestion environnemental à faire valider par le ministère de l’Environnement.


 


Charles Nforgang

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