Cameroun : Vie d’enfer pour les étudiants camerounais

(Jade Cameroun/Syfia) Au Cameroun, les conditions de vie des étudiants ne cessent de se dégrader. Démunis pour la plupart; ils habitent des chambres délabrées mais de plus en plus chères.

 «Ma chambre me coûte 25.000 Fcfa par mois et le propriétaire m’avait demandé six mois d’avance pour l’intégrer». Sandrine, étudiante en 3e année de Droit à l’Université de Douala, habite une chambre de 3 m sur 3 qui ne paye pas de mine.  Les murs fissurés par endroit ont été badigeonnés de chaux vive de couleur bleue qui se détache au toucher. La douche dont l’ouverture est cachée par un rideau fleuri est sèche. « La plomberie a des problèmes. Nous n’avons plus d’eau depuis 4 mois. Pour nous laver ou pour faire nos besoins, nous devons aller avec un seau chercher de l’eau plus bas», explique son occupante. Situation presqu’identique à Mbangwe et à  Résidence Christine Duitcheu, des mini cités voisines. Ces appartements supposés de haut standing, plus chers, et habités par les étudiants fortunés, n’échappent pas au délabrement. 


Quelques centaines de mètres plus loin,  à Makepe Terminus, ou Fin goudron, la situation est pire. Des étudiants se disputent des habitats de fortune construits en plein marécage, et envahis par des rats, des serpents, des cancrelats et autres bestioles. Mao, étudiant en 2e année à l’Ecole supérieures des sciences économiques et commerciales (Essec), partage avec ses camarades une cabane en bois, peinte de chaux. Le portail qui, selon lui, «n’empêche que les poules d’entrer», est une feuille de tôle froissée et rongée par la rouille. Autre curiosité, la surélévation des chambres, perchées à plus d’un mètre du sol. Explication: le quartier est très souvent inondé. «Une fois, j’ai perdu tous mes appareils et mes vivres. Au retour des cours, toute la cité était inondée. J’ai dû mettre mes documents et mes cours à sécher pendant plusieurs jours », explique Mao. Ces chambres de fortune sont bâties sur 3 m sur 4, et séparées par des feuilles de contre-plaqués. Le moindre soufflement est alors totalement perçu par le voisin le plus proche comme s’ils partageaient la même pièce. Le prix de la chambre : de 10 000 Fcfa par mois.


 


Aide toi et le ciel t’aidera


La plupart des étudiants inscrits dans l’une des écoles ou facultés de l’université de Douala semblent s’être appropriés ce qu’on appelle ici « l’article quinze », c’est-à-dire  « Débrouillez-vous pour vivre» dont chantait il y a quelques années Empire Bakuba, un groupe du Congo Démocratique. Ils sont prêts à tout pour gagner un peu d’argent. Quelques uns s’adonnent pendant les heures creuses au commerce des vêtements, des chaussures, des friandises de toutes sortes ou exercent divers petits métiers. Alain, étudiant en 2e année Physique, dispense des cours de répétition à quelques élèves du quartier, pour 15.000 Fcfa le mois. L’essentiel de cet argent, confie-t-il, «finit sur les photocopies de cours  et le taxi».


Loger n’est pas le seul problème auquel sont confrontés les étudiants puisque  manger est une autre paire de manche. Orphelin de père, Brice, 2e année de Physique, vit avec son cadet, lui aussi étudiant. «Mon petit frère m’a rejoint cette année. Nous partageons la même chambre, cela fait moins de dépenses à maman qui doit dorénavant payer deux pensions », affirme-t-il. Les deux frères sont contraints à se serrer la ceinture. «Depuis la reprise des cours en mars, explique-t-il, j’ai perdu 4 kilos. Ici, je n’ai presque rien à manger. Quelquefois, je remontes jusqu’au restaurant universitaire pour manger un peu à midi à 100 Fcfa le plat. Une fois même j’y ai trouvé un rang de plus de 200 mètres ! Et avant que j’arrive au guichet, une heure plus tard, la nourriture était finie. J’ai passé la journée sans manger ! ».


 


Effectifs pléthoriques et manque de documentation


Les équations de logement et de nutrition ne sont pas les seuls auxquels sont confrontés les étudiants. Une fois dans les campus, ils doivent encore affronter la dure réalité des effectifs pléthoriques dans les salles de cours, le manque de livres pour la recherche dans les bibliothèques et parfois des enseignements au rabais. Pourtant leurs camarades d’avant les années 90 à l’époque de la seule université de Yaoundé avaient la tâche aisée. Non seulement ils ne déboursaient aucun radis pour les droits universitaires mais ils bénéficiaient d’une bourse et des bonnes conditions d’études. Aujourd’Hui qu’ils soient de Douala de Yaoundé I et II, de Buea, de Ngaoundéré ou de Dschang, les étudiants sont confrontés aux mêmes problèmes et attendent chaque jour que les pouvoirs publics au-delà des promesses, prennent la vraie mesure de leur détresse.


Delore Fopa,

One Reply to “Cameroun : Vie d’enfer pour les étudiants camerounais”

  1. ça me dzole de lire deça me dzole de lire de pareilles obcenités sur mon pays.

    Je suis une ancienne étudiante de l’université de Douala ou g fai de la 1ere année à la Licence que j’ai heureusement obtenue.

    Je suis heureuse que des voix s’élevent contre ce fléau et triste que personne ne puisse rien faire pour y remédier.

    G n’ai peut être pas les moyens mais j’aimerai aider. Courage de la part d’une ancienne camarade

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