Siméon AVA subit depuis plusieurs jours, des agressions téléphoniques et des menaces de mort suite à un article de presse publié sur la commune de Niété. Des captures sonores faites par le journaliste sont plutôt incendiaires. « Certaines personnes proféraient des menaces à visage découvert, d’autres le faisaient à partir des numéros masqués ». Indique la victime.
Influenceur web et directeur de publication du journal Kribi Matin, après ses publications sur le conseil municipal de Niete tenu vendredi, 07 Mai 2021, Siméon AVA est pris à partie par les adversaires du maire de cette commune. Le journaliste dit avoir juste relaté les activités du nouveau maire. « J’ai suivi le discours bilan de madame le Maire, je suis allé faire les photos de ses réalisations ; voilà ce que j’ai publié et rien d’autre. Ma ligne éditoriale ne m’autorise pas des critiques, encore moins des injures ». Déclare t-il.
Dans le camp adverse, c’est une vive tension et la colère. « Ce monsieur n’a pas fait un bon travail ; il ose dire que le préfet a félicité le maire pour ses réalisations. Tous ces projets avaient été initiés par l’ancien maire, et c’est à son honneur qu’ils sont réalisés ; le nouveau maire n’a encore rien fait ». Tempête au bout de la ligne madame Marthe AVEBE, sénateur suppléant, qui conclut que le journaliste en « jetant des fleurs » au nouveau maire veut détruire la commune de Niete. Impossible de contacter des personnes utilisant les numéros de téléphone masqués.
Le conseil municipal de Niete, depuis les querelles électorales, est pratiquement divisé. Les sessions sont de plus en plus houleux et même souvent bloquées n’ont pour de réels problèmes de développement local, mais généralement, du fait des ressentiments que produisent la faction opposée à l’exécutif. Cette situation de tension est visible dans la plupart des communes de l’océan. Et le journaliste se trouve ainsi étiqueté pour peu que son travail ne satisfasse pas les intérêts d’une faction. « Nous avons présenté cette situation au préfet le 03 mai dernier lors de notre visite de courtoisie à l’occasion de la célébration de la journée de la liberté de la presse. Aller couvrir une activité dans une commune de l’océan aujourd’hui constitue un risque pour le journaliste qui peut être lynché à tout moment ». A déclaré Damien TONYE, journaliste et syndicaliste à Kribi.
Pourtant, la vie des communes charrie de véritables enjeux de développement local auxquels le journaliste ne saurait se soustraire. Et sur ce terrain politique, les réactions sont tellement violentes, au point de porter atteinte à la profession et à la vie du journaliste.
Cette situation vient ternir l’image de la démocratie en ce qu’elle Viole gravement la charte de Munich sur les devoirs essentiels du journaliste dans sa recherche, la rédaction, et le commentaire des évènements. Et bien plus, l’article 19 de la déclaration universelle des droits de l’homme qui stipule que «Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontière, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que se soit ». Le pacte international relatif aux civils et politiques dans son alinéa 1 et 2 de l’article 19 reste également intransigeant en précisant que « nul ne peut être inquiété pour ses opinions » ou encore « Toute personne a droit à droit à la liberté d’expression ». Ainsi que l’article 4 de la charte africaine des droits et des peuples » tout être humain a droit au respect de sa vie et de sa personne », et son article 5 suivant qui précise que » toute personne a droit a la liberté et a la sûreté de sa personne ».
Ce climat qui est né des guerres internes au sein du RDPC, le parti au pouvoir, rend plutôt le travail du journaliste extrêmement délicat dans le département de l’océan.
Joseph Abena Abena / JADE