Le problème a été soulevé le 09 août lors de la journée internationale des peuples autochtones
La communauté mbororo de l’Adamaoua s’est donnée rendez-vous à Meiganga le 09 août 2023 pour la célébration de la journée internationale des peuples autochtones. C’était l’occasion pour ce peuple de présenter notamment l’épineux problème d’expropriation de leurs terres. « Il y a un individu qui est allé titrer 95000 hectares dans l’arrondissement de Tibati département du Djerem région de l’Adamaoua. Dans cet espace, il y a des villages et, les Mbororo en occupent plus de 75% pour leurs pâturages et leurs champs. Nous avons déjà rencontré le ministre des domaines, du cadastre et des affaires foncières pour ce problème », confie Oumarou Sanda, secrétaire général adjoint du bureau national de l’Association pour le développement socioculturel des mbororo (Mboscuda).
Ainsi, l’accès à la propriété foncière par ces peuples devient de plus en plus difficiles. L’autorité administrative joue généralement sur la naïveté des Mbororo pour léguer les espaces de ces derniers aux plus offrants. Certaines personnes avaient déjà vu ce problème venir. « Lorsque cette histoire a commencé, nous avons voulu nous opposer car il y a des villages dans les 95.000 hectares que l’Etat a attribué à une seule personne. Mais dans une affaire comme celle-là où le préfet était impliqué, nous étions impuissants devant l’autorité administrative », indique un fils de Tibati.
Pourtant, l’article 26 de la déclaration des Nations Unies sur les peuples autochtones est bien précis. Cet article alinéa 1 stipule que, « les peuples autochtones ont droit aux terres, territoires et ressources qu’ils possèdent et occupent traditionnellement ou qu’ils ont utilisés ou acquis ». Dans l’alinéa 2 du même article, il est précisé que, « les peuples autochtones ont le droit de posséder, d’utiliser, de mettre en valeur et de contrôler les terres, territoires et ressources qu’ils possèdent parce qu’ils leur appartiennent ou qu’ils les occupent ou les utilisent traditionnellement, ainsi que ceux qu’ils ont acquis ».
Complicité étatique
Ce qui est le plus surprenant c’est la complicité des autorités administratives qui sont pourtant les yeux et les oreilles de l’Etat. « Nos difficultés sont nombreuses, mais il faut souligner que, certains de nos membres sont victimes d’expropriation illégale çà et là dans la région de l’Adamaoua », affirme Noumanou Ardo Sadjo, président régional Mboscuda pour l’Adamaoua. Or, l’article 27 de la déclaration des Nations Unies sur les peuples autochtones relate que, « les Etats mettront en place et appliqueront en concertation avec les peuples autochtones concernés, un processus équitable, indépendant, impartial, ouvert et transparent, prenant dûment en compte les lois, traditions, coutumes et régimes fonciers des peuples autochtones, afin de reconnaitre les droits des peuples autochtones en ce qui concerne leurs terres, territoires et ressources, y compris ceux qu’ils possèdent, occupent ou utilisent traditionnellement, et de statuer sur ces droits. Les peuples autochtones auront le droit de participer à ce processus ».
Rappelons que, pour cette 24e édition de la journée internationale des peuples autochtones dont le Cameroun célèbre sa 15e édition, le thème retenu est « les jeunes autochtones comme agents de changement pour l’autonomisation ». Sur le plan local, le Cameroun a choisi comme thème « l’éducation à la citoyenneté comme stratégie d’inclusion des populations autochtones ». Par le non-respect de toutes ces conventions ratifiées par le Cameroun, les Mbororo se sentent plutôt exclus de cette éducation à la citoyenneté.
Par Francis Eboa (Jade)

